Une étude montre que la consommation d'aliments mieux classés par Nutri-Score est associée à un risque plus faible de cancer et de mortalité
Il vous est sûrement déjà arrivé de vouloir vous faire plaisir en prenant une gourmandise ou un encas très peu diététique au supermarché et de voir votre enthousiasme douché par la vue de la note “E” rouge du Nutri-Score sur l’emballage. Cette note vous rappelle clairement que votre péché mignon est classé parmi les aliments qui sont les moins favorables sur le plan nutritionnel et cela fait réfléchir. Malgré les polémiques et les obstacles à la mise en place d'un tel outil d’information nutritionnelle, son efficacité semble se confirmer: une récente étude scientifique démontre que la consommation d'aliments mieux classés par Nutri-Score est associée à un risque plus faible de cancer et de mortalité.
Comment le Nutri-Score peut aider à rester en bonne santé
Le Nutri-Score est un outil “made in France”: Santé Publique France s'est appuyé sur les travaux de l'équipe du Professeur Serge Hercberg (Université Paris 13), les expertises de l'Anses et du Haut Conseil de Santé Publique pour concevoir cet étiquetage pour les aliments transformés. La lettre A de couleur verte permet d’identifier les produits ayant le meilleur profil nutritionnel, et au contraire, la lettre E, en orange foncé, concerne les produits de mauvaise qualité nutritionnelle.
Une étude confirme la validité du Nutri-Score
Une étude scientifique publiée dans le British Medical Journal le 17 septembre, et menée par l'équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN) au Centre de Recherche épidémiologie et statistiques – Université de Paris (Inserm/Inrae/Cnam/Université Sorbonne Paris Nord), montre un lien entre le Nutri-Score des aliments consommés et la mortalité de 53 112 participants. Cette étude a été menée auprès des 501 594 adultes de 10 pays européens de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition).
Les participants à l’étude ont renseigné régulièrement leur mode d'alimentation entre 1992 et 2015, et d’autres facteurs ont été pris en compte (le sexe, l'âge, le poids, l'activité physique, le niveau d'éducation, le statut tabagique, etc). Le risque de mortalité globale a augmenté (entre 3 et 10 %) chez les personnes qui avaient de mauvaises pratiques alimentaires, selon les notes Nutri-Score de leurs aliments et les autres facteurs pris en compte. Dans ces cas de mauvaise nutrition, le risque de mourir par cancer augmente de 8 à 13 %, les maladies circulatoires de 4 à 11 %, les maladies respiratoires de 22 à 59 % et les maladies digestives de 2 à 45 %.
Mathilde Touvier, chercheuse à l’INSERM et coordinatrice de cette étude explique sur France Inter que l’étude a permis de démontrer la pertinence de la notation du Nutri-Score : "Nous avons montré un lien entre une consommation plus élevée d'aliments moins bien scorés au Nutri-Score, donc de moins bonne qualité nutritionnelle et un risque accru de mortalité. Mortalité au global mais aussi mortalité par cancer, maladie cardiovasculaire, maladie du système respiratoire ou encore du système digestif.”
Pour la chercheuse, l'étude montre la pertinence du Nutri-score pour inciter les industriels à "reformuler les produits pour une meilleure qualité nutritionnelle". Les produits mal notés pourraient donc changer de recettes pour améliorer leur score.
Ce dispositif pourrait s'élargir à l'échelle de l'Union Européenne: de nombreux pays européens se sont engagés en faveur du Nutri-Score, et cette expansion continue. Il a été adopté en France dès 2016, en Belgique et en Espagne en 2018. Certains producteurs l'utilisent également en Allemagne. En Espagne, le Nutri-Score est facultatif mais un nombre croissant de fabricants de produits alimentaires l'affiche sur leurs produits.
Le Nutri-Score, vous oriente sur la qualité nutritionnelle des aliments, mais ne peut pas prendre le rôle de conseil nutritionnel
Le fait que les aliments soient notés aide le consommateur à avoir des informations pour mieux les consommer, mais cela n'est pas suffisant pour bannir un aliment de son régime, ou l'inclure systématiquement dans son alimentation. Le fait d'avoir une note “A” ne rend pas un produit indispensable, et il est important de garder en tête les consignes basiques de nutrition, comme privilégier les fruits, les légumes, les céréales complètes et les graines, des aliments qui ne présentent pas toujours une note Nutri-Score sur leur emballage.
Pour le Dr Laurent Chevallier, médecin nutritionniste, le Nutri-Score "ne précise pas clairement la fréquence à laquelle les produits peuvent être consommés en fonction de leur note". Cet outil est donc nécessaire et efficace, mais il doit être complété par une vraie culture alimentaire et nutritionnelle.
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