Déploiement de la 5G : où en est concrètement la France ?

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FranceSoir
Publié le 16 septembre 2020 - 14:06
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Le logo 5G sur la vitrine d'une boutique Huawei, le 25 mai 2020 à Pékin
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© NICOLAS ASFOURI / AFP/Archives
Les enchères pour l'attribution des fréquences restantes auront lieu le 29 septembre
© NICOLAS ASFOURI / AFP/Archives
Le déploiement de la 5G a bel et bien commencé, avec une commercialisation annoncée pour la fin de l’année. De nombreuses étapes ont en réalité déjà été franchies. 
 
Face au tollé déclenché par sa petite phrase comparant les opposants à la 5G, ou simplement les sceptiques, à des Amish, Emmanuel Macron a tenté d’arrondir les angles mardi. 
 
Répondant directement à un tweet de la Convention citoyenne pour le climat, qui réclame un moratoire sur le déploiement de cette technologie, le président de la République a assuré :
 
« La 5G sera déployée en pleine transparence, avec à chaque étape toutes les garanties environnementales et sanitaires »
 
Pourtant, le déploiement de la 5G a bel et bien commencé en France, sans qu’aucun rapport n’ait été fourni et comme le souligne le maire écologiste de Grenoble, « par la petite porte ». 
 
 
Effectivement, si l’on reprend la chronologie, sur le site de l’Arcep en charge de la procédure, on comprend aisément que l’Etat et les opérateurs ont un coup d’avance. 
 
Des expérimentations dans 40 villes
 
Le gendarme des télécoms précise ainsi qu’une quarantaine d’expérimentations ont été menées ou sont en cours depuis 2018, avec « autorisations des bandes de fréquences pressenties à titre transitoire ». 
On apprend ainsi que des expérimentations portant sur l’internet des objets, la mobilité connectée, la ville intelligente, la réalité virtuelle ou encore l’industrie du futur sont menées par les opérateurs sur Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes, Montpellier, Lille, la ligne TGV Lyon-Mâcon, etc. La liste complète est disponible sur le site de l’Arcep.
 
Or qui dit 5G dit modification des antennes existantes et nouvelles antennes, pour certaines d'ores et déjà installées, parfois en catamini. L’un des chefs de file de la contestation, Eric Piolle (le maire de Grenoble) l’explique dans une vidéo :
 
« A Grenoble, il y a des expérimentations qui ont été autorisées et conduites sans la validation des élus, sans la consultation même des élus »
 
Des fréquences déjà attribuées 
 
Qu’en est-il de l’attribution des fréquences ? Dans un premier temps, c’est ce que l’Arcep appelle la « bande cœur de la 5G » qui est achetée par les différents opérateurs, à savoir autour de 3,5 GHz. D’ici 2026, d’après la feuille de route publiée en 2018, la bande 26 GHz devrait également être attribuée.
 
Notons au passage que la bande 3,5 GHz est celle qui inquiète le plus puisque, et c’est expliqué par l’ANSES, plus les fréquences sont hautes, plus les ondes sont absorbées par les couches superficielles de la peau et pénètrent ainsi moins en profondeur dans l’organisme. 
 
Des enchères sur cette fameuse bande sont annoncées pour la fin du mois de septembre. Pourtant, des blocs de 50 MHz ont d’ores et déjà été attribués à quatre opérateurs. Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free ont chacun déboursé, en plein confinement, 350 millions d’euros pour les obtenir.
 
Les enchères restantes portent sur 11 blocs de 10 MHz, d’une valeur de 75 millions d’euros chacun. On vous laisse sortir la calculette… 
 
Le reste du calendrier est on ne peut plus simple : de nouvelles enchères auront lieu en octobre, cette fois pour le positionnement des fréquences des lauréats sur chaque bande, puis les autorisations d’utilisation des fréquences seront délivrées en novembre. 
 
L’Arcep prévoit ainsi l’ouverture commerciale de la 5G d’ici la fin de l’année, et certains opérateurs proposent d’ores et déjà des « forfaits compatibles 5G ». Alors même qu’en ce qui concerne l’utilisation sur smartphone 
 
« Les usages potentiels véritablement innovants n’arriveront pas avant 2023 ou 2024 »
C’est Martin Bouygues en personne qui le dit ! Il s’était d’ailleurs prononcé en faveur d’un report des enchères, de même que le directeur général de SFR Grégory Rabuel. A l'inverse, Xavier Niel le patron de Free, qui réfûte tout problème avec la 5G en parlant de "peurs sanitaires irrationnelles", et Stéphane Richard, le PDG d'Orange, estiment que le temps de la 5G est vraiment venu.
 
Un rapport, mais quel rapport ?
 
Quid des conséquences de ce déploiement sur la santé et sur l’environnement ? L’ANSES travaille sur la question avec des experts scientifiques, mais ne prévoit pas de rendre une copie avant le premier trimestre 2021. 
 
Un autre rapport, daté de septembre 2020, vient d’apparaître fort à propos sur le site de différents ministères. Ce « pavé » de 190 pages est intitulé « Déploiement de la 5G en France et dans le monde, aspects
techniques et sanitaires ». 
 
Commandé par le gouvernement en juillet, il s’appuie sur des données fournies par les « services économiques régionaux » de 22 pays et par « les 40 correspondants de l’OMS dans le domaine des radiofréquences ».
Nous reviendrons plus en détail sur ce rapport dans un article consacré aux interrogations sanitaires.
 
Mais comme le fait à juste titre remarquer un membre de la Convention citoyenne pour le climat, qui réclame un moratoire : 
 
« Le rapport ne tient pas compte des aspects environnementaux, c’est écrit dès la page 1. C’est donc insuffisant pour le moment au regard de la demande faite par la Convention citoyenne. Est-ce si compliqué d’attendre ce volet avant de commencer tout débat ? »
 

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