Instagram s'attaque à sa créature : l'addiction aux likes

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France-Soir
Publié le 09 janvier 2020 - 12:31
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Instagram serait, selon une etude, une source potentielle de déprime chez ses utilisateurs
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Usa-Reiseblogger / Pixabay
Les utilisateurs Instgram ne pourront plus voir le nombre de likes en dessous de la publication des comptes qu'ils suivent
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Trop de "likes" tuent les "likes" (et tuent la dopamine!). Dans plusieurs pays et pour un nombre limité d’utilisateurs, la disparition du nombre de «likes» obtenus sous les publications est en train d’être testée, et va se généraliser au cours de l’année. 

Il vous est sûrement déjà arrivé de prendre une photo et de ne pas la poster en pensant que de toute façon elle ne ferait pas de likes. Selon une étude 40 % des utilisateurs d’Instagram au Royaume Uni se sentent obligés de ne partager que les contenus susceptibles de recevoir beaucoup de « likes » ou de commentaires. Le réseau social de partage de photos Instagram veut mettre fin à la dictature des «likes», précisément pour encourager toute sorte de publication.

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Instagram veut preserver la santé mentale des utilisateurs

Avoir beaucoup de likes sur les photos est en effet une pression psychologique pour les utilisateurs, qui sont particulièrement sensibles au regard et à la validation des autres. La plateforme veut s'éloigner du modèle de la course aux likes à laquelle ses utilisateurs sont encouragés.

Une addiction

Selon Eric Letonturier, sociologue et maître de conférences à l’université Paris Descartes Sorbonne, les likes créent une forme particulière d’addiction.
Une étude menée par la Royal Society for Public Health en 2017, a classé Instagram comme le pire réseau pour la santé mentale des jeunes au Royaume-Uni. Instagram serait, selon l’etude, une source potentielle de déprime chez ses utilisateurs. La faute à la dopamine, aussi connue comme l’hormone du plaisir, substance biochimique sécrétée par le cerveau, qui pousse à chercher la récompense et la reconnaissance, et qui chute en absence de likes, ce qui peut générer une dépression.
Ce changement vise donc à promouvoir des comportements plus sains sur la plateforme, plus sincères, et plus réfléchis. Dans les mots de la plateforme appartenant à Facebook, ce choix permettra «que les abonnés se concentrent sur ce qu’ils partagent, pas sur combien de likes leurs publications recueillent» et il diminuera «la pression sociale» exercée par cette fonctionnalité.

Une mesure contre la pression sociale, mais aussi contre le manque d'originalité

Au cours de ces dernières années, le comportement des utilisateurs a changé, en s’adaptant aux mécanismes des réseaux sociaux, et pour certaines personnes, la recherche des likes est devenue une forme particulière de mode de vie. Les utilisateurs Instagram planifient leurs vacances, choisissent leurs restaurants et marchent, sourient ou s’expriment en fonction des likes que leurs clichés peuvent générer.


Les publications qui ont le plus de succès suivent donc  toujours un même modèle, et sont très similaires. Les utilisateurs deviennent simplement des copies de leurs modèles influents, avec les mêmes repas plein de couleurs, les mêmes plages paradisiaques, et les mêmes décorations nordiques... les profils se sont homogénéisés, et il est difficile de distinguer le vrai de la copie.
Le compte instagram @insta_repeat met cela en évidence, en publiant les photos identiques d’influencers.

Retour à la vraie vie

Selon Letonturier la suppression de likes pourrait donc permettre un retour des utilisateurs à «la vrai vie». «En supprimant l’affichage de cette fonctionnalité, les échanges vont revenir dans la sphère du privé. C’est un peu un retour à l’intime, à la confidentialité ».

La suppression des likes pourrait signifier aussi plus de recettes publicitaires

Il existe en effet une économie du « like » à ne pas négliger pour comprendre la décision de les supprimer. Aujourd’hui, la plateforme génère ses recettes grâce aux marques qui la payent pour promotionner leurs produits dans des posts sponsorisés. Cependant, les marques payent également les influencers pour faire la promotion de leurs produits en fonction des likes qui reçoivent leurs publications. Les influenceurs sont donc en concurrence avec les canaux publicitaires traditionnels d’Instagram. En diminuant l’importance du nombre de likes, et donc des profils recevant le plus de likes, la plateforme va donc probablement encourager les marques à recourir plus à la publicité qu’aux collaborations avec les influenceurs.

Avec la fin du likes, Instagram montre que la santé de leurs utilisateurs lui est chère, contribue à diversifier le contenu de la plateforme, mais viserait aussi à garder le contrôle de ses affaires.

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