Rosetta : conditions de travail difficiles pour le robot Philae
S'il existait un syndicat de défense des engins spatiaux, Philae pourrait s'inscrire. Le petit robot de la sonde Rosetta travaille en effet dans des conditions très difficiles depuis son arrivée sur la comète "Tchouri", à 500 millions de kilomètres de la Terre.
D'abord l'atterrissage fut difficile mercredi après-midi, sur un sol finalement très mou alors qu'on lui avait promis du dur.
Il est resté en équilibre instable -les harpons de ses trois pieds ayant mal fonctionné-, et dans un endroit très incliné.
Et il a travaillé toute la nuit, pour envoyer dans la matinée de jeudi ses premières photos.
Cela ne l'empêche pas de garder le moral et un enthousiasme de jeune robot: "la vue est absolument époustouflante. Je n'ai jamais rien vu de pareil", a-t-il dit dans l'après-midi sur son compte Twitter (à voir ici), en commentant une photo de la comète qui est devenue son nouveau terrain de jeu.
A l'issue de la journée historique de mercredi, les responsables de l'Agence spatiale européenne (ESA) s'inquiétaient de trois choses: 1.la bonne fixation des pieds de Philae; 2.l'état de ses batteries; 3.le fonctionnement de ses caméras.
Le premier problème semble le plus délicat. "Quand il est arrivé sur la comète, Philae avait une petite rotation" et a donc rebondi "comme un cabri" avant de se poser et de se coincer dans une zone assez rocheuse, a expliqué Marc Pircher, du Centre national d'études spatiales (CNES) à Toulouse.
Le robot se trouve "sans doute sur une pente fortement inclinée, (…) entouré de falaises" et "assez bloqué". Du coup, les responsables de la mission ont reporté une partie de ses travaux, notamment des forages du sol.
Le problème numéro 2 a été résolu. Philae peut recharger ses batteries et fonctionnera donc plus longtemps que ses 60 heures minimales d'autonomie, a annoncé jeudi matin le président du CNES, Jean-Yves Le Gall. "Il reçoit de l'énergie, ses panneaux solaires sont allumés et lui permettent d'envisager un futur, (…) une vie beaucoup plus longue, au-delà des 60 heures", a-t-il dit sur Europe-1.
Le problème numéro 3 a lui aussi trouvé sa solution quand Philae, après avoir travaillé toute la nuit, a envoyé sa première photo jeudi matin: ses caméras fonctionnent donc bien. "Maintenant que je suis sain et sauf sur le sol, voici à quoi ressemble ma nouvelle maison depuis là où je suis #AtterrissageSurLaComète", a-t-il tweeté avec cette photo historique (à voir ici).
Une photo qui a ému tout le monde, sur Terre, des scientifiques jusqu'aux hommes politiques. "Le Président de la République vient de découvrir avec beaucoup d’émotion et immensément de joie les premières images de la comète Tchourioumov-Guerassimenko prises au sol par le module Philae", a ainsi déclaré l'Elysée dans un communiqué, en félicitant l'ESA "pour cette performance exceptionnelle".
Depuis, le petit robot continue d'envoyer des photos et de travailler sans relâche. Le but de leur mission, lui et la sonde Rosetta qui relaie ses messages vers la Terre, est celui fixé il y a 10 ans quand la mission fut lancée: en savoir plus sur "les origines de la vie", car la Terre et la comète Tchouri ont à peu près le même âge.
"La comète, c'est l'origine de la vie sur Terre", a souligné Jean-Yves Le Gall. Si cette vie existe aujourd'hui, "c'est parce que, il y a des milliards d'années de cela, des comètes ont bombardé la Terre. Elles y ont apporté de l'eau, des molécules pré-biotiques qui ont fait de l'ADN et donc de la vie en se combinant".
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