Saint-Nazaire : "sprint final" pour la construction du plus gros paquebot du monde
Les différents espaces de restauration et de divertissement commencent à prendre forme, dans un bruit continu de perceuses et de marteaux-piqueurs à chacun des seize ponts chargés d'échafaudages de ce navire de 362 mètres de long et 66 de large, qui affiche 227.500 tonneaux de jauge brute, ce qui en fait le plus gros paquebot de croisière jamais construit.
Si la moquette a été posée et les lumières installées sur les gradins de la patinoire comme dans le casino, en cours d'intense nettoyage avant une présentation à l'armateur américain Royal Carribean International (RCI), il reste "encore beaucoup à faire" pour terminer ce "chantier gigantesque" avant sa livraison le 12 mai, souligne Laurent Castaing, directeur général de STX France.
La commande passée fin 2012 par cette filiale du croisiériste Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL) avait constitué "un grand bol d'air" pour les chantiers navals et beaucoup d'entreprises sous-traitantes de la région. Les deux précédents paquebots de la classe Oasis avaient été construits par STX, mais en Finlande.
Au total, ce "navire exceptionnel", d'une valeur de près d'un milliard d'euros, représente dix millions d'heures de travail et il en "reste encore quelques centaines de milliers à faire", affirme M. Castaing.
Dans les coursives du géant des mers ou dans les locaux publics, environ 3.200 personnes s'activent pour tirer et connecter les 4.000 km de câbles nécessaires, installer 100.000 points lumineux ou passer un coup de peinture.
"Quand on a pris la commande, on savait qu'on allait faire un marathon de trois ans et demi. Là, on sent que c'est la fin, le sprint final. (...) Ce n'est pas facile tous les jours, mais on est dans les temps", assure Jean-Yves Péan, responsable du contrat Oasis chez STX. Des essais en mer, du 10 au 13 mars, puis en avril, doivent "valider toutes les performances du navire".
"Il reste douze semaines. 95% des travaux sont achevés, mais ce sont souvent les derniers 5% les plus difficiles, ceux qui demandent le plus d'attention. Ce sont les détails qui vont compter", explique Gianluca Corneli, responsable chez RCI.
Les attractions phares de l'Harmony of the seas, qui pourra accueillir jusqu'à 6.700 passagers, en plus des 2.100 membres d'équipage, ne se visualisent pour l'instant qu'à l'aide de lunettes 3D. Le bar bionique, où deux bras robotisés attraperont les bouteilles au plafond, ou The Ultimate Abyss, le plus haut toboggan en mer d'une hauteur de dix ponts, à l'arrière du navire, font partie des derniers espaces qui seront aménagés.
Cette ville flottante accueillera également de nombreuses boutiques et restaurants, dans la "Royal Promenade", une rue intérieure au cœur du navire, mais aussi une tyrolienne, un terrain de basket, un mini-golf, des simulateurs de surf, des jacuzzis flottants, et un grand théâtre de 1.400 places, où seront proposées les comédies musicales de Broadway.
"Il nous reste beaucoup de finitions, mais on ne présente pas tout à l'armateur la veille du départ. Déjà 1.700 cabines passagers sur 2.700 l'ont été, puis ce sera chaque réseau électrique, chaque circuit d'alimentation (...). Quand on passera l'aspirateur et qu'on briquera, c'est que ce sera la fin", observe Pascal Favreau, responsable de la construction du navire.
Une dizaine de milliers de plantes et d'arbres ne seront embarqués et mis en place dans "Central Park", un parc découvert situé au pont huit, que trois jours avant le départ du paquebot de Saint-Nazaire, prévu le 15 mai, pour Southampton, d'où il commencera sa croisière inaugurale avant d'être exploité en mer Méditerranée pour des croisières de huit jours depuis Barcelone.
Le frère jumeau de l'Harmony of the seas, dont la construction a débuté à Saint-Nazaire, doit être livré en 2018.
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