Paris pourrait suivre l'exemple de Londres et installer un péage urbain aux portes de la capitale. C'est ce que propose la Confédération des petites et moyennes entreprises qui invite les candidats à la mairie de Paris à se prononcer.
C’est avec un livre blanc, intitulé « Mieux vivre et travailler à Paris », que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a décidé d’interpeller les candidats aux élections municipales dans la capitale. Le document contient différentes propositions sur lesquelles les potentiels élus sont invités à se prononcer. Et parmi elles la création d’un péage urbain.
Pour un péage à tarification différenciée
Président de la CPME, Bernard Cohen-Hadad s’en est expliqué sur les ondes de France Info. La proposition du syndicat part d’un constat : « Aujourd’hui, on s’aperçoit que nous, entrepreneurs et même salariés, et même tout simplement touristes, on ne peut pas faire plusieurs courses dans la journée. (…) C’est devenu un enfer et je ne parle pas simplement des travaux. C’est le fait de se mouvoir en ville ».
L’une des solutions préconisées par la CPME est donc « la création d’un péage diurne (8h-20h) autour de Paris avec une tarification différenciée suivant la taille du véhicule et son émission de CO² ». Cette proposition intègre cependant la gratuité pour les professionnels du transport, les engins de travaux ou encore les personnes à mobilité réduite. Effectivement, Bernard Cohen-Hadad précise: « Ca ne veut pas dire qu’on taxera tout le monde. Parlons d’une capacité aujourd’hui de fermer un certain nombre de robinets d’entrées. Et puis ouvrons les débats pour savoir qui pourra aller dans Paris, qui pourra aussi se garer ».
Une idée qui ne fait pas forcément recette
Avant même de connaître l’avis des candidats aux élections municipales, des voix s’élèvent, d’une manière générale, contre les péages urbains, en général et à Paris en particulier. Elles mettent en avant un conflit de classe puisque ce sont en majorité les travailleurs les moins aisés, n’ayant pas les moyens de se loger à proximité de la ville-mère, qui se servent de leur voiture pour se rendre au boulot. Un argument notamment développé dans l’ouvrage « Economie des transports urbains » de François Mirabel et Mathias Reymond.
Quant à la possible amélioration de la qualité de l’air grâce à la limitation des véhicules générée par un péage urbain, elle est également sujette à caution. Le taux de polluants atmosphériques et la qualité de l’air ont été étudiés dans des villes qui ont déjà mis en place un tel
péage, à l’image de Londres, Milan ou Stockholm. « On y observe une diminution des concentrations de polluants dans l’air, relève un rapport de la Cour des comptes publié en avril 2019. Néanmoins, la diversité et la prédominance de certains facteurs exogènes au mécanisme de péage ne permettent pas toujours d’identifier clairement un effet péage ».
La mobilité, grand sujet des élections
Pour la CPME, la proposition de péage urbain s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la mobilité dans la capitale que le syndicat entend bien placer au coeur des débats. Bernard Cohen-Hadad explique ainsi que « ça fait partie d’une réflexion globale sur comment se mouvoir durablement et mieux dans la ville ».