Le développement exponentiel des croisières en paquebot et plus ancien, du fret maritime, constituent une nouvelle pollution de masse. Leurs gros moteurs diesels de propulsion fonctionnant au fioul sont de nature très rustiques. Se mettre au vert ne serait pas superflu.
Depuis le 1er janvier, les compagnies maritimes et les armateurs du monde entier ont obligation de faire tourner les moteurs avec un carburant qui contient nettement moins de soufre : 0,5 %, contre les 3,5 % autorisés actuellement. L’objectif de l’Organisation maritime internationale est de réduire les émissions de gaz à effet de serre des 120 000 navires commerciaux et paquebots qui sillonnent les mers du globe.
Du fioul moins lourd, mais du fioul quand même
Mais même plus léger en soufre, le carburant très majoritairement utilisé par les bateaux reste du fioul. Le transport maritime représente précisément 5 % de la consommation mondiale de pétrole. Les nouvelles normes ont d’abord un impact sur le secteur du raffinage, qui a dû modifier la composition des carburants, et sur les variétés de pétrole utilisées, les plus légères étant désormais privilégiées, de type brut de la Mer du Nord ou schiste américain.
Un carburant plus propre et moins soufré va réduire les oxydes d’azote, mais ne règle pas forcément l’épineuse question des particules fines. Le réseau de contrôle de l’air Atmosud a par exemple calculé que le trafic maritime est responsable de 5 % de la pollution en particules fines de la ville de Marseille, 30 % des émissions de dioxyde d’azote.
Interrogé par France 3 Pays de la Loire, Paul Tourret, le directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime énumère les possibilités aujourd’hui offertes aux professionnels: «Un carburant nouveau dont la particularité est d’être avec beaucoup moins de soufre (…), des épurateurs, systèmes de lavage de fumée dans de l’eau avec un processus chimique (…) ou aller sur les nouveaux carburants. Et le carburant privilégié aujourd’hui, c’est le gaz, le GNL ». On pourrait ajouter: utiliser le moins possible les moteurs quand le bateau est à l'arrêt, même pour faire fonctionner la clim de la cabine du capitaine.
Vers des navires à propulsion GNL
Le gaz naturel liquéfié fait justement l’actualité des bateaux de croisière. En la matière, c’est l’armateur italien de bateaux de croisière Costa (célèbre pour un malheureux naufrage du Costa Concordia le 13 janvier 2012) qui donne l’exemple: fin décembre, il a amarré à Marseille son «Costa Smeralda», premier paquebot de près de 200 000 tonnes naviguant au GNL. Un événement accompagné de chiffres délivrés par le président de Costa France: le bateau émet de 20 % de CO² et 95 % de particules fines en moins, et ne rejette aucun soufre.
Les associations de défense de l’environnement soulignent une avancée, tout en estimant que l’impact sera réel si les autres compagnies suivent. Justement, MSC s’apprête à sortir un premier paquebot GNL, en 2022.