Pourquoi les beaux SUV sont-ils des ennemis du climat ?
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France-Soir
Publié le 13 décembre 2019 - 12:30
Mis à jour le 26 décembre 2019 - 20:44
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
En 2018, les SUV ont représenté plus de la moitié des nouveaux modèles proposés sur le marché français
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Stars des ventes automobiles, les SUV, ces faux 4X4, hauts sur roues sont dans le colimateur des maires des grandes villes. Ils consommeraient plus et émettraient globalement plus de CO². Non, rétorquent leurs utilisateurs et certains défenseurs de l'automobile. Qui a raison?
En 2018, les « Sports Utility Vehicles » (et autres crossovers) ont représenté plus de 40 % des ventes mondiales de voitures neuves. Il y en a aujourd’hui 200 millions en circulation dans le monde, 606 240 en France. Car notre pays n’échappe pas à cette mode, les ventes ayant été multipliées par sept en moins de 10 ans. Pourquoi ? Coté look d'abord: il y a un côté baroudeur sportif très à la mode qui sied mieux aux hommes que le monospace/père de famille d'antan. Les femmes par ailleurs sont en plus sensibles la "force tranquille" que ces véhicules dégagent. Enfin, pour tout le monde, il y a un indéniable confort de conduite apporté par ces SUV , avec une position au dessus de la route, horizon mieux dégagé et qui offrent une meilleure visibilité (sauf pour la voiture qui suit). Cela facilite la conduite quand il faut se garer même s'ils sont plus volumineux. C'est agréable aussi quand on est passager. Autre agrément: il est plus facile d'y monter et d'en descendre que sur une voiture plus basse.
C'est justement le problème
Plus polluants? Non, répondent certains défenseurs de l'automobiles et la plupart des nouveaux acheteurs dont le regard critique est souvent déformé...par la passion. Leur raisonnement: "le SUV 3008 de Peugeot par exemple est issu du châssis de la berline 308, en juste juste un peu plus haute et plus volumineuse . Le Renault Captur, une Clio ayant subi le même traitement."
Sauf que c'est justement le problème: en prenant du volume (et donc du poids, pas bon dans les embouteillages) et de la hauteur le SUV à un rendement aérodynamique bien inférieur à sa petite soeur berline. Sur autoroute, la consommation est notablement plus élevée. De plus, pour une question de look, les SUV sont équipés de pneus de "baroudeurs", plus gros et beaucoup plus gourmands en énergie.
Des organisations comme l’Ademe et l’Agence internationale de l’énergie ne disent pas autre chose. L’AIE qui dans un rapport publié récemment n’y va pas par quatre chemins: les SUV risquent tout simplement, selon elle, de réduire à néant les efforts du secteur automobile pour réduire ses émissions de CO².
Des tests comparatifs qui en disent long
Effectivement, les SUV ne supportent guère la comparaison avec les berlines. Si l’on prend l’exemple de deux modèles Peugeot, le SUV 3008 II Puretech 130 et la berline 308 II Puretech 110, le poids est de 1350 kg pour le premier et 1075 kg pour la seconde. La consommation de carburant est respectivement de 5 et 4,6 litres aux cents, les émissions de CO² de 113 et 102 gr/km.
Des tests réalisés en laboratoire par le magazine Autoplus relativisent toutefois ces données. Le magazine spécialisé a ainsi démontré que sur les segments compacts, certains SUV se révèlent plus sobres (moteurs plus sophistiqués?) que les berlines... mais de constater: «L’écart en défaveur des SUV se creuse au fur et à mesure que l’on monte en gabarit et gamme, pour culminer sur le segment des gros véhicules premium, avec des différences pouvant atteindre 1,8L/100 km». A quoi s'ajoute une autre pollution plus difficilement chiffrable mais indéniable: la pollution visuelle. Une voiture dans un petite rue tranquille bordée de belles façades, ou bloquée dans la circulation, plus c'est gros, et moins ça passe à l'oeil.
Deficilement électrifiable
Inutile, qui plus est, de miser sur des SUV à la motorisation plus propre. Ce type de véhicule est difficile à électrifier et l’excès de consommation est particulièrement important chez les SUV hybrides, toujours selon Autoplus.
Entre 2010 et 2018, les SUV ont représenté la deuxième source de croissance des émissions de CO², derrière l’énergie et devant… l’industrie lourde. Quant à la commission de carburant, l’Agence Internationale de l’Energie prévoit une hausse de la demande mondiale de deux millions de barils de pétrole par jour d’ici 2040 si les ventes de SUV continuent de progresser à ce rythme.
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