Pour des feux de circulation plus intelligents, une ville allemande utilise l'IA 

Pour que les services d'urgence puissent arriver à leur destination dans un maximum de dix minutes, début août, les autorités locales de la ville de Bad Hersfeld en Allemagne, ont mis en place une technologie qui fait appel à l'intelligence artificielle en vue de donner un passage prioritaire aux secours.

Un système de navigation combiné aux mécanismes des feux de circulation

Financé à hauteur de 2,28 millions d'euros par l'État régional allemand de la Hesse, ce projet utilise un ensemble de données de trafic mises à jour en temps réel sur la concentration du trafic dans la ville. Les données permettent ensuite d’identifier les urgences. Ce système permet aussi de calculer le trajet le plus court, que les secours devraient emprunter. À première vue, le projet ne semble pas plus complexe qu'un système GPS moderne, mais combiné au système de feux de circulation de la ville, l'outil peut non seulement tracer l'itinéraire le plus court, mais également contrôler les feux de circulation pour créer des voies vertes prioritaires réservées.

Priorité pour les secours, embouteillages pour le reste des conducteurs

La ville a établi dès le départ que cette intelligence artificielle qui gère les feux rouges, ne bénéficiera qu’aux services d’urgence, et non aux particuliers ayant besoin de se rendre quelque part dans des délais restreints. Au contraire, le système entraînera sans doute des bouchons dans toute la ville, mais les concepteurs du projet planifient eux-mêmes, à l'aide d'algorithmes complexes d'intelligence artificielle, la meilleure manière de relancer le trafic en supprimant ainsi les bouchons.

La ville explique que les pompiers vont d’abord tester et évaluer l'efficacité de l'outil. Après cette première expérience en conditions réelles, elle étudiera la possibilité d'intégrer à l’ensemble de la ville le contrôle central automatique des feux de circulation. Cette solution est soutenue par la ministre du Numérique de la Hesse, Christina Senimos, qui a déclaré: “Les technologies numériques modernes peuvent littéralement aider à sauver des vies. Parce que chaque minute compte dans les opérations de sauvetage."

Des feux de circulation intelligents pour permettre le passage des personnes aveugles

En Autriche aussi, cet été, un premier feu rouge contrôlé par intelligence artificielle a été installé à proximité d’une école pour personnes aveugles dans la ville de Linz, mais cette fois pour donner le passage automatique aux piétons sans qu’ils aient besoin de toucher un bouton. À l'aide de capteurs numériques, la technologie détecte les passants, qui reçoivent le feu vert automatiquement. L’outil est capable de détecter s’il s’agit d’un piéton lent, d’un seul individu ou de groupes, ce qui aide à savoir si le feu doit rester plus ou moins longtemps vert pour les piétons. "Nous sommes ravis que cette installation moderne améliore le confort et, surtout, la sécurité de nos élèves", a déclaré la directrice, le professeur Irène Mühlbach, responsable du centre scolaire public pour l'éducation auditive et visuelle Michael Reitter à Linz.

D’autres exemples de villes qui ont adopté les feux de circulation gérées par intelligence artificielle 

Comme le mentionne Cédric Villani, d’autres villes ont déjà eu recours à ces technologies pour fluidifier le trafic. La ville de Milton Keynes au Royaume-Uni a doté ses feux de circulation de caméras pour adapter la régulation du trafic en temps réel, en faisant passer le feu au rouge si de nombreux piétons attendent. La ville de Pittsburg, aux États-Unis, utilise un système de contrôle du trafic avec intelligence artificielle, déployé à une cinquantaine d’intersections, qui a permis de réduire les temps d’attente aux intersections de 50 %. Selon lui, “les feux de circulation pourraient également donner la priorité aux véhicules de secours.” Cependant, il rappelle qu’avoir recours à une telle technologie “suppose au préalable de répondre à plusieurs interrogations, sur la sécurité des données, le respect de la vie privée ou encore la capacité de la Ville à faire du citoyen un acteur de sa mobilité plutôt qu’un simple usager passif de technologies qui le dépassent.“