VTC et Loti : des centaines de chauffeurs en colère à Paris
Des centaines de chauffeurs travaillant pour les plateformes VTC et Loti se sont rassemblés mardi 9 février place de la Nation à Paris, pour une nouvelle journée de mobilisation contre les assurances données récemment par le gouvernement aux taxis. Plusieurs centaines de berlines noires -1.200 selon les organisateurs et 330 selon la préfecture de police- ont stationné au centre de la grande place de l'Est parisien, laissant la circulation libre sur une seule voie, avant de commencer à se disperser en milieu d'après-midi.
Nombre de manifestants avaient placé sur les pare-brises des affichettes ou portaient des t-shirts clamant: "10.000 emplois en danger", "On est bien mal loti", "Valls m'a tué" ou "Valls=G7", la compagnie de taxis francilienne. "C'est notre cinquième journée de mobilisation", a relevé devant les médias Joseph François, président de l'association Alternative mobilité transport (AMT), organisation en pointe dans les manifestations depuis la semaine dernière.
Le député socialiste de Côte d'Or, Laurent Grandguillaume, nommé médiateur par le gouvernement, a entamé des consultations avec les différents acteurs du transport individuel, mais Joseph François a estimé que "le gouvernement n'a(vait) pas compris qu'il fallait prononcer un arrêt des mesures, le temps que Laurent Grandguillaume mène ses travaux à terme". "On négocie en même temps qu'on nous place sur la guillotine", a-t-il dénoncé.
La mobilisation concernait surtout les chauffeurs de transport à la demande qui exercent avec une licence de transport collectif (Loti), à qui les taxis reprochent d'effectuer des courses individuelles au mépris de la loi. Après un mouvement de colère des taxis fin janvier, le gouvernement a annoncé des "contrôles incessants" pour traquer les chauffeurs de VTC (voiture de tourisme avec chauffeur) "fraudeurs", et donné jusqu'à fin février à une vingtaine de plateformes de réservation de VTC (Uber, Chauffeur-Privé, SnapCar, etc.) pour se mettre en conformité.
"On veut juste qu'ils nous laissent travailler, qu'ils ne ferment pas les applis (pour l'accès aux plateformes, ndlr) pour les Loti le 28 février. On n'est rien sans ça, c'est 80% de notre chiffre d'affaires", a plaidé auprès de l'AFP Carlos Da Silva, 21 ans, salarié d'une société Loti depuis décembre. "On commence à voir que c'est limite une cause perdue, mais au moins, si le 28 on est foutu, on se sera battu jusqu'au bout. Une grosse partie des chauffeurs sont des jeunes des cités, il y a quelques années ils brûlaient des voitures. Là, ils ont un projet", a-t-il argumenté.
Fouad Baadache, patron titulaire d'une capacité Loti et employant également des chauffeurs VTC, veut montrer au gouvernement son "sentiment d'incompréhension": "l'État a favorisé les taxis, il n'y a pas de neutralité", a-t-il déploré. "Bientôt plus personne sauf eux ne pourront travailler". Certains ont déjà renoncé, comme Rudi Sombé, 28 ans, ex-salarié d'un capacitaire (Loti).
"J'ai arrêté de travailler jeudi, car un collègue s'est fait prendre en acceptant des clients à la sortie de gare de Lyon. Il a dû payer 1.500 euros d'amende et s'est fait emmener au commissariat. On a déjà assez de problèmes comme ça, je ne veux rien faire d'illégal", a-t-il raconté à l'AFP. Les plateformes qui ont recours aux chauffeurs Loti ont dit depuis le début soutenir le mouvement, et l'AMT leur a demandé d'interrompre symboliquement leurs activités mardi "afin de montrer aux responsables politiques à quoi ressemblerait une France sans chauffeurs".
Seule Uber a répondu favorablement à cette demande, en suspendant l'accès à son application entre 11H00 et 15H00. Une vingtaine de représentants de la plateforme sont venus à la Nation pour distribuer des encas aux chauffeurs. De son côté, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, avait averti que ses services veilleraient à garantir l'ordre public. "Depuis 15 jours, des perturbations importantes sont subies par les Franciliens du fait de ces manifestations répétitives qui entravent la circulation aux heures de pointe. Il n'est pas normal que cela perdure davantage", avait-il dit.
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