Vieillissement de la population espagnole : un million d'enfants de moins qu'il y a dix ans

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Trina Banderas, France-Soir
Publié le 15 août 2023 - 07:30
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Jeux d'enfants
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Image par Manuel de la Fuente de pixabay.com
Jeux d'enfants, à Pampelune, Navarre, Espagne.
Image par Manuel de la Fuente de pixabay.com

DÉMOGRAPHIE - Le vieillissement de la population en Espagne progresse à pas de géant. En dix ans, le nombre d'enfants de moins de 10 ans a diminué de près d'un million. En parallèle, le nombre total d'habitants du pays a augmenté de 1,7 million de personnes, pour atteindre 48.345.223 résidents au 1er juillet, selon les données publiées mardi par l'Institut national de la statistique (INE).

Si l'on compare la pyramide des âges de 2013 à celle de 2023, on constate qu'elle se rétrécit dangereusement à la base. Ce qui signifie que le groupe de personnes qui devront travailler dans quelques années afin de contribuer aux caisses de l'État en payant des impôts et soutenir le paiement des pensions par leurs cotisations sociales, est de plus en plus restreint. 

Cette pyramide, qui n'a plus la forme d'une pyramide depuis de nombreuses années, ressemble de plus en plus à un triangle inversé, car sa partie la plus large (les cohortes d'âge les plus nombreuses) est de plus en plus haute : en 2013, il s'agissait des générations âgées de 35 à 45 ans, et aujourd'hui, ce sont les générations âgées de 45 à 55 ans qui sont concernées. Cela signifie qu'au cours des deux prochaines décennies, les générations les plus nombreuses en Espagne seront les retraités - les baby-boomers - qui devront être soutenus par les cohortes plus étroites au bas de la pyramide. 

Un nombre élevé de femmes et un taux de fécondité au plus bas 

La différence par sexe pourrait constituer une autre problématique, car le nombre plus élevé de femmes que d'hommes est aggravé : en Espagne, il y a 987.043 femmes de plus que d'hommes, contre 716.628 en 2013. Une augmentation qui s'explique par l'allongement de l'espérance de vie pour ces dames. La pyramide elle-même montre qu'elle s'élargit pour le groupe d'âge des 85 ans et plus pour celles-ci. 

Le taux de fécondité est passé de 38 naissances pour mille femmes en 2013 à 32 en 2021 (dernières données disponibles), une tendance qui devrait se poursuivre en 2022 et 2023. Les difficultés économiques et d'accès au logement, l'instabilité de l'emploi dans les premières années de la vie professionnelle et un changement dans les préférences personnelles (importance croissante des carrières professionnelles et rôle des loisirs) ont contribué au report de la maternité, de l'âge moyen auquel une femme avait son premier enfant en Espagne il y a dix ans (31 ans) à l'âge moyen auquel elle a eu son premier enfant en 2021 (32 ans). 

Cette baisse du nombre d'enfants se produit malgré l'augmentation de la population étrangère en Espagne, qui a tendance à avoir plus d'enfants par femme et à avoir son premier enfant plus tôt. En fait, si l'on analyse la pyramide uniquement pour les résidents nés à l'étranger, on constate également un rétrécissement de la pyramide au bas de l'échelle, car de nombreuses femmes immigrées commencent à adopter les habitudes et comportements des femmes espagnoles et retardent également la procréation.  

Barcelone compte déjà plus de... chiens que d'enfants 

Surprise à Barcelone. Pour la première fois, le nombre de chiens dans la capitale catalane a dépassé le nombre d'enfants, selon les données du Consell de Col-legis Veterinaris de Catalunya et l'Institut statistique de Catalogne. Plus précisément, à la fin de l'année 2022, 172.971 chiens peuplaient les rues de Barcelone, un chiffre qui dépasse de loin les 165.482 enfants âgés de 0 à 12 ans. 

Barcelone rattrape ainsi une tendance qui existe déjà dans le reste du pays. L'Espagne compte plus de 9,3 millions de chiens enregistrés, selon l'Association nationale des fabricants d'aliments pour animaux de compagnie (Anfaac). En revanche, le nombre d'enfants âgés de 0 à 12 ans n'est que de 5,4 millions, selon les données de l'Institut national de la statistique (INE). 

L'un des phénomènes qui conditionnent cette statistique est le faible taux de natalité en Espagne, accentué par les différentes crises économiques que le pays a subies depuis la Grande Récession de 2008. L'impossibilité pour de nombreux jeunes de devenir indépendants ou l'inflation ont pesé sur les revenus réels. Résultat : de nombreux ménages ont "troqué" les enfants contre des chiens.

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