Budget 2017 : le Haut conseil des finances publiques juge les prévisions gouvernementales "improbables"
Un jugement qui fragilise un peu plus la position du gouvernement: le Haut conseil des finances publiques (HCFP) a mis à mal mardi les grandes lignes du projet de budget 2017, qui sera présenté mercredi, qualifiant d'"improbable" le retour du déficit à 2,7% du PIB.
Dans un avis qui sera officiellement dévoilé avec le budget, mais que l'AFP a pu consulter mardi, le Haut Conseil, chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires, dit s'inquiéter du scénario retenu par Bercy, qui "tend à s'écarter du principe de prudence".
En cause, notamment: l'hypothèse de croissance maintenue par le gouvernement à 1,5% du produit intérieur brut, malgré les mauvais résultats du deuxième trimestre 2016 (-0,1%) et en dépit des multiples inquiétudes pesant sur l'année 2017.
Le chiffre de 1,5% "est optimiste compte tenu des facteurs baissiers qui se sont matérialisés ces derniers mois", relève le HCFP, qui cite notamment les "incertitudes liées au Brexit", l'"atonie persistante du commerce mondial" et les "conséquences des attentats" sur le tourisme.
Le Haut conseil, présidé par le patron de la Cour des Comptes Didier Migaud, et composé d'économistes et experts des finances publiques, émet ainsi des doutes sur le montant des recettes retenues par le gouvernement, jugeant les hypothèses de Bercy "favorables".
Il pointe par ailleurs des risques de dérapage du côté des dépenses, jugés "plus importants en 2017 que pour les années précédentes", en raison notamment du "caractère irréaliste des économies prévues sur l'Unédic" et des "fortes incertitudes" sur les économies réclamées à l'Assurance maladie.
Il y a des "incertitudes" sur "l'évolution des dépenses de l'État et des collectivités territoriales", mais aussi sur les "incidences possibles sur le solde public des recapitalisations annoncées des entreprises publiques du secteur énergétique", à savoir Areva et EDF, ajoute le HCFP.
Une série de facteurs qui conduisent le Haut conseil à qualifier "d'improbable" la réduction du déficit public à 2,7% promise par le gouvernement, et même "d'incertain" le retour sous la barre des 3%, attendu impatiemment par Bruxelles.
La France a déjà obtenu de ses partenaires européens deux délais de deux ans, en 2013 et en 2015, pour repasser sous la barre fatidique des 3% du PIB. La Commission européenne a exclu début septembre tout nouveau sursis pour Paris.
Dans une réaction transmise à l'AFP, le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin a assuré mardi la "détermination du gouvernement à permettre à la France en 2017 de passer sous les 3% de déficit des finances publiques", insistant sur le "sérieux budgétaire" de son ministère.
"Le Haut Conseil, peut-être est-ce dans sa nature, a toujours fait preuve de scepticisme devant les perspectives budgétaires de la France", a ajouté le ministre, ajoutant que l'avis du HCFP avait été "le plus souvent démenti par les faits".
Le gouvernement est critiqué depuis plusieurs semaines par l'opposition, qui lui reproche de jouer sur des "artifices budgétaires", comme la sous-évaluation du coût des dépenses, pour boucler son budget, et de ne pas tenir compte des risques qui pèsent sur l'activité économique.
Plusieurs organisations économiques ont ainsi revu à la baisse leur hypothèse de croissance en France pour 2017, à l'image de l'OCDE, qui table désormais sur une hausse du PIB de 1,3%, ou bien du FMI, qui parie sur 1,2% seulement.
"Dire que le déficit sera de 2,7% en 2017, c'est bidon!", a ainsi dénoncé François Fillon (LR), qui prévoit comme tous les candidats à la primaire de la droite un dérapage du déficit public en cas de victoire... et accuse le gouvernement d'avoir introduit des "grenades dégoupillées" dans le "PLF".
Une critique en partie reprise par le HCFP, qui s'inquiète, dans son avis, de certains choix retenus par le gouvernement, comme "le remplacement des baisses d'impôts" pour les entreprises "par des crédits d'impôts", qui conduiront à reporter sur 2018 l'impact de ces baisses de recettes.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.