Chômage : les premiers chiffres de 2016 dévoilés ce mercredi
Le gouvernement dévoile ce mercredi 24 les chiffres de Pôle emploi à fin janvier, les premiers d'une année 2016 cruciale pour l'avenir présidentiel de François Hollande, alors que l'Unédic ébauche un scénario de baisse artificielle du chômage.
Le président a réaffirmé vendredi 19 sur France Inter qu'il ne briguerait pas de second mandat sans baisse du chômage. Il avait été plus précis au cours des mois précédents, posant comme condition une diminution "crédible" au cours de l'année 2016.
L'indicateur de Pôle emploi a atteint de nouveaux records fin 2015, avec 3,59 millions de chômeurs en métropole, 5,78 millions en comptant l'outre-mer et les demandeurs d'emploi exerçant une activité. Le nombre d'inscrits à fin janvier est attendu à 18h. En près de quatre ans de mandat, le chef de l'Etat n'a connu que sept mois de baisse, et Pôle emploi a vu affluer, sur la période, environ 670.000 chômeurs supplémentaires en métropole.
Mais le chômage a connu, en 2015, sa plus faible hausse depuis 2010. Dans le même temps, le secteur privé a enregistré, pour la première fois depuis 2011, des créations nettes d'emplois salariés, toutefois insuffisantes pour absorber la hausse de la population active. Ces améliorations ont fait dire à la ministre du Travail, Myriam El Khomri, que "la courbe du chômage s'inversera(it) en 2016".
L'Unédic dessine un scénario moins reluisant dans ses prévisions publiées mardi. Selon le gestionnaire de l'assurance chômage, l'indicateur baissera bien en 2016, mais seulement de 25.000 personnes et essentiellement suite à des entrées en formation dans le cadre du plan d'urgence pour l'emploi lancé en janvier. L'organisme prévient, en outre, que les demandeurs d'emploi entrés en formation en 2016 retourneront en catégorie A en 2017, atténuant la baisse attendue l'année de la présidentielle.
Le chef de l'Etat a annoncé, pour 2016, 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs les moins qualifiés, soit un doublement des effectifs. Selon son gouvernement, il s'agit de leur permettre de ne pas rester à quai quand la croissance accélèrera. Mais les prévisions de l'Unédic confortent les détracteurs du plan, qui accusaient le gouvernement de pratiquer un traitement uniquement "statistique" du chômage, l'entrée en formation faisant basculer les inscrits dans la catégorie D de Pôle emploi, nettement moins commentée chaque mois que la catégorie A.
Pour parvenir à une baisse réelle du chômage, le gouvernement compte aussi sur l'accélération de la croissance. Elle a atteint 1,1% en 2015, après trois années moroses, et l'exécutif prévoit 1,5% en 2016, soit le minimum, selon les économistes, pour faire reculer le chômage en France. Mais plusieurs organisations jugent cette prévision optimiste: le FMI et Bruxelles tablent sur 1,3%, l'OCDE sur 1,2%, la Banque de France sur 1,4%.
Le gouvernement espère aussi un coup de pouce des partenaires sociaux, qui ont commencé lundi à renégocier les règles de l'assurance chômage. Il leur a demandé de "tout faire" pour favoriser le "retour à l'emploi". A plus long terme, l'exécutif compte sur le projet de réforme du code du travail porté par Mme El Khomri pour lever la "peur de l'embauche" invoquée par les chefs d'entreprises.
Entre autres mesures de flexibilité, le texte, qui suscite l'hostilité des syndicats et de la gauche, clarifie les conditions de licenciement économique pour sécuriser les employeurs et prévoit des indemnités prud'homales plafonnées en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Mais pour que cette réforme ait un effet sur l'emploi, encore faut-il qu'elle soit adoptée. Or de nombreux parlementaires menacent, si le texte reste en l'état, de ne pas le voter.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.