Cours du lait : en colère, les producteurs de l'Ouest se donnent rendez-vous chez Lactalis

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 août 2016 - 14:39
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La colère gronde chez les producteurs de lait de l'Ouest: décidés à obtenir un "juste prix", ils manifestent à partir de ce lundi soir et pour au moins une semaine à proximité de l'usine Lactalis à Laval.
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La colère gronde chez les producteurs de lait de l'Ouest: décidés à obtenir un "juste prix", ils manifestent à partir de ce lundi soir et pour au moins une semaine à proximité de l'usine Lactalis à Laval, afin d'obliger le numéro un mondial des produits laitiers, accusé d'être "le plus mauvais payeur", à "revenir à la table des négociations".

Organisée à l'initiative des Fédérations départementales des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA, syndicat majoritaire) et des Jeunes agriculteurs (JA), cette manifestation démarrera vers 20H30 avec les éleveurs Mayennais qui vont bloquer, avec des tracteurs et du matériel agricole, le rond-point situé à l’entrée de l'usine.

Ceux de Bretagne, Normandie et Pays-de-la-Loire prendront le relais toute la semaine.

Pas question de paralyser l'activité de Lactalis: "Ce serait leur donner les moyens de nous faire éjecter", explique Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest.

"L'axe de notre action, c'est un axe de communication. Ca gêne terriblement Lactalis, qui considère que c'est un acharnement des syndicats (agricoles) et des agriculteurs néfaste à son image et à ses affaires", ajoute-t-il. Lactalis a appelé au calme lundi et s'est dit prêt à recevoir les organisations de producteurs pour discuter avec elles des prix du lait, a assuré sur France Inter Michel Nalet, porte-parole du groupe.

Le groupe met en avant une "crise de surproduction" et dénoncé la semaine dernière le "discours irresponsable du "syndicalisme agricole". "Le problème avec Lactalis, c'est que le partage de la valeur ajoutée n'est pas dans son ADN", a rétorqué M. Clément, qui pointe aussi "les résultats de plus en plus importants des industriels laitiers" alors que "les éleveurs laitiers sont dans une situation dramatique".

Ce mois-ci, le prix pratiqué par Lactalis est de 256 euros la tonne. Il était de 363 euros en juillet 2014. Pour Ludovic Blin, de la FDSEA de la Manche, le "juste prix" devrait à court terme se situer autour de 300 euros les 1.000 l.

"Dans mon département, d'ici le 31 décembre, on a près de 14% des exploitations qui vont mettre la clé sous la porte. D'habitude, on a 2 ou 3 % par an qui cessent leur activité mais là 15%, c'est inimaginable et ceux qui restent, s’endettent. On ne peut pas continuer comme ça, il faut que cela change", exhorte M. Blin.

Les agriculteurs du l'Ouest "déterminés" à retrouver "des conditions économiques dignes", espèrent que leur mouvement fera écho dans d'autres régions mais interpellera aussi les pouvoirs publics, explique Philippe Jéhan, le président de la FDSEA de Mayenne.

Pascal Clément concède que "les conditions économiques sont compliquées, liées à la surproduction européenne et la fin des quotas" laitiers. Mais pour lui, le numéro 1 mondial doit tirer le marché vers le haut.

Les producteurs laitiers fondent également beaucoup d'espoir dans la loi Sapin II qui vise à instaurer un meilleur rapport de force entre agriculteurs et industriels pour mieux répartir la valeur au sein de la filière alimentaire.

Avec cette loi, qui sera examinée en session extraordinaire du Parlement à partir du 26 septembre, les industriels devront notamment indiquer le prix du lait payé au producteur pendant cinq ans. Elle obligera aussi à la publication de résultats financiers des entreprises qui jusqu'à présent n'en affichent pas. C'est le cas de Lactalis, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 17 milliards d'euros.

Pessimiste quant à l'avenir de la filière laitière française, M. Clément met en garde: "Si nos exploitations françaises disparaissent, on va se retrouver avec de grosses usines à lait comme aux Etats-Unis et en Allemagne. Ce n'est pas le modèle de la France laitière qui fait la richesse de la France, préservons cela. Les consommateurs en sont pleinement conscients. C'est ce qu'on souhaite dire à Emmanuel Besnier (PDG de Lactalis)".

 

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