Crédit immobilier et impôt à la source : sera-t-il plus difficile d'emprunter ?
Le gouvernement voulait simplifier le prélèvement de l'impôt sur le revenu, mais va-t-il sans le savoir initier un choc majeur dans le marché de l'immobilier et du crédit bancaire? Selon un sondage OpinionWay pour le courtier VousFinancer et relayé par le site Boursorama, plus d'un acheteur potentiel sur deux s'inquiète de l'impact de la mesure sur sa future capacité à emprunter. La case "net à payer" devenant dorénavant inférieur en 2019 à ce qu'elle était en 2018 –pour ceux qui paient l'impôt sur le revenu– ces particuliers craignent que leur banque leur prête moins d'argent à salaire brut constant.
Et s'il est difficile de savoir si la crainte va bien se réaliser, elle n'est en tout cas pas infondée. Les banques en effet appliquaient, pour évaluer la capacité d'endettement des candidats au crédit immobilier, une formule classique: vérifier la part de la charge du crédit dans les revenus fixes du ménage. En théorie, les banques refusent d'accorder un crédit si le montant du remboursement dépasse 33% des revenus. Or, les banques considéraient jusque-là que l'impôt sur le revenu, qu'il soit payé mensuellement ou par tiers, était une dépense comprise dans le "reste à vivre". Prélevé à la source, au moment du versement du salaire, il passe dans la catégorie des dépenses contraintes.
Comment les banques vont-elles faire évoluer leurs critères de sélection? Pour l'instant, seuls quelques rares établissements ont annoncé un changement de leurs méthodes. Le Crédit mutuel et HSBC ont fait savoir qu'ils se pencheront sur le salaire net d'impôt, donc diminué, mais qu'ils redresseront en contrepartie leur taux d'endettement maximal, avec probablement un plafond de 40%.
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Interrogée par le journal Le Figaro, la Fédération bancaire française joue la carte de l'apaisement et assure que "le prélèvement à la source n'aura aucun impact sur la capacité de remboursement et le taux maximum d'endettement calculé au cas par cas". Les banques pourraient cependant se livrer à une étude plus fine des dossiers puisque deux employés qui touchaient jusque-là le même salaire n'auront plus le même net à payer, selon leur situation personnelle.
Mais selon une porte-parole du courtier VousFinancer, "le marché immobilier est souvent impacté par des effets psychologiques, on peut s'attendre à un attentisme des acheteurs au premier trimestre, notamment des acquéreurs les plus jeunes et les plus fragiles". La mesure déjà décriée, confirmée d'extrême justesse par le gouvernement début septembre, va-t-elle initier un big bang immobilier? Début de réponse dans quelques jours.
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