Impôts sur le revenu : les grands principes du prélèvement à la source

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 mars 2016 - 19:30
Image
Bercy ministère de l'Economie et des Finances
Crédits
©Joel Saget/AFP
D'après Bercy, l'impôt continuera d'être calculé au niveau du foyer fiscal.
©Joel Saget/AFP
Le gouvernement a dévoilé ce mercredi les grands principes de sa réforme du prélèvement à la source qui prendra effet à compter du 1er janvier 2018. Pour la grande majorité des contribuables, l'impôt sera prélevé par l'employeur, a notamment révélé le ministre des Finances Michel Sapin.

Une collecte par l'employeur, sur la base d'un taux transmis par l'administration fiscale: le gouvernement a dévoilé ce mercredi 16 mars les grands principes de sa réforme du prélèvement à la source, qui révolutionnera au 1er janvier 2018 les habitudes fiscales des Français. Le projet de réforme, qui sera soumis au Parlement en juin, propose "que, pour la très grande majorité des contribuables, dont le revenu est principalement constitué de traitements et de salaires, l'impôt soit prélevé par l'employeur", a déclaré le ministre des Finances, Michel Sapin, lors d'une conférence de presse.

D'après Bercy, l'impôt continuera d'être calculé au niveau du foyer fiscal, qu'il s'agisse d'une personne seule ou d'un couple avec ou sans enfants. Mais les conjoints pourront être prélevés sur la base de taux différents, notamment en cas d'écarts de revenus importants au sein du couple. Selon la nature des revenus, deux modes de prélèvement sont prévus. Pour les salaires, pensions de retraites ou les revenus de remplacement (allocations chômage), l'impôt sera prélevé à la source par l'organisme versant les revenus (employeur, caisses de retraites, etc.), en fonction d'un taux calculé par le fisc.

Pour les revenus des indépendants et les revenus fonciers, l'impôt de l'année en cours fera l'objet d'acomptes calculés par l'administration et payés mensuellement ou trimestriellement. Si de fortes baisses de revenu sont anticipées, le contribuable pourra le signaler au fisc, qui effectuera une nouvelle estimation. L'objectif est de "moderniser le recouvrement de l'impôt sur le revenu", en lui permettant de s'adapter "en temps réel, aux changements de situation des contribuables", explique le ministère des Finances, qui évoque un impôt "mieux adapté à la vie des contribuables".

Actuellement, ces derniers s'acquittent de leurs impôts sur les revenus de l'année précédente. "Cela peut poser des problèmes dans nombre de situations", souligne M. Sapin, évoquant le cas des retraités, qui "continuent, la première année de leur retraite, à payer le même impôt que lorsqu'ils étaient encore en activité". Avec le prélèvement à la source, l'impôt sera collecté au moment du versement du revenu, ce qui implique, pour passer d'un système à l'autre, une année de transition.

"Pour le salarié, ce ne sera qu'une ligne de plus sur la fiche de paye (...) Il n'aura aucune démarche de paiement de l'impôt à faire, jusqu'à la déclaration de ses revenus", assure le ministre. "Pour l'employeur, dont le cœur de métier n'est pas de collecter des prélèvements obligatoires, même s'il y est déjà habitué avec les cotisations sociales et la CSG, nous veillerons à ce que le système soit aussi le plus simple possible", ajoute-t-il.

Le prélèvement à la source, annoncé par François Hollande à l'été 2015, doit entrer en vigueur au 1er janvier 2018, ce qui implique que les modalités de la réforme soient connues et entérinées au 1er janvier 2017. Le dispositif suscite des réticences chez les chefs d'entreprise, notamment au Medef, principale organisation patronale, qui craint que la réforme n'ajoute "de la complexité" et du "stress" pour les patrons. "Il est impératif que le dispositif soit le plus simple possible et ne génère pas de coûts supplémentaires pour les entreprises. Si tel n'est pas le cas, il conviendra de prévoir un mécanisme de compensation financière", a mis en garde de son coté la CGPME.

Les syndicats redoutent quant à eux un possible manque de confidentialité, lié au fait que les employeurs aient accès au taux d'imposition, donc aux données patrimoniales de leurs salariés.

"L'employeur ne connaîtra qu'un taux d'imposition, qui d'ailleurs pourra être différencié entre les membres d'un couple et qui, à lui seul, ne révèlera pas les revenus d'un foyer", a assuré ce mercredi le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, écartant tout risque pour les salariés. "L'employeur ne sera informé ni de la situation familiale ni des autres revenus perçus par le salarié. C'est l'administration fiscale qui restera l'unique destinataire des informations fiscales et l'unique interlocuteur des contribuables", a-t-il promis.

 

À LIRE AUSSI

Image
Le ministre des Finances Michel Sapin à l'Elysée.
Prélèvement des impôts à la source : Michel Sapin présente la mesure et annonce le calendrier
Le ministre des Finances a présenté la mesure de prélèvements à la source de l'impôts lors du conseil des ministres. Michel Sapin a officialisé le calendrier de la mis...
17 juin 2015 - 17:09
Société
Image
Le ministre des Finances Michel Sapin à l'Elysée.
Impôts : le prélèvement à la source soumis au Parlement avant l'été
La mise en place du prélèvement à la source pour l'impôt sur le revenu pourrait être intégrée dans une loi avant l'été, a fait savoir Michel Sapin. Le ministre des Fin...
10 mars 2016 - 16:34
Politique
Image
De l'argent.
Prélèvement à la source : deux Français sur trois sont pour, selon un sondage
Plus des deux tiers des Français se disent favorables à l'instauration du prélèvement à la source, selon un sondage Odoxa publié ce samedi. Un avis partagé par les sym...
20 juin 2015 - 17:41
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.