Les entreprises restent sur leurs gardes face aux nouvelles mesures prévues dans le budget 2017
Bien, mais peut mieux faire: même si de nouvelles mesures en faveur des entreprises sont prévues dans le projet de budget 2017, le dernier d'un quinquennat qui ne les a pas négligées, ces dernières restent sur leurs gardes... et sur leur faim. "Nous aurons en 2017 effacé l'ensemble des hausses d'impôts et de charges sur les entreprises mis en oeuvre depuis 2011", s'est vanté la semaine dernière le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, en présentant les grands chiffres du projet de loi de finances qui sera dévoilé mercredi.
Ce texte prévoit un nouveau train de mesures pour les entreprises: le taux d'impôt sur les sociétés va être ramené l'an prochain de 33,3% à 28% pour une partie des bénéfices des moyennes entreprises, avant d'être généralisé à l'ensemble des sociétés à l'horizon 2020.
Par ailleurs, le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) doit être porté de 6% à 7% de la masse salariale pour les salaires allant jusqu'à 2,5 fois le Smic. Les artisans et travailleurs indépendants, qui ne bénéficient pas du CICE, auront droit à un allègement supplémentaire de cotisations sociales. Au total, ce volet représente près de cinq milliards d'euros, soit ce qui était prévu dans la dernière tranche du pacte de responsabilité.
Ce dispositif phare du quinquennat de François Hollande, qui mêle baisses de cotisations patronales et réductions fiscales afin d'inciter les entreprises à investir et embaucher, doit peser au total en 2017 41 milliards d'euros annuels, une somme conséquente qui a été décriée à de nombreuses reprises par les syndicats et une partie de la gauche. Les patrons saluent d'ailleurs dans l'ensemble cette mesure, qui a permis aux entreprises d'améliorer leurs marges.
Pierre Gattaz, numéro un du Medef, le reconnaît même volontiers: François Hollande et son gouvernement ont effectué "un virage entrepreneurial". En témoigne le fameux "J'aime l'entreprise" lancé en 2014 par Manuel Valls à l'université d'été de la principale organisation patronale.
"Il semble se dégager, après trois ans de combat, un consensus, à droite comme à gauche du gouvernement, sur l'idée qu'il faut baisser les impôts des entreprises pour leur redonner de la compétitivité", et leur permettre d'embaucher, se félicite Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, interrogé par l'AFP.
Il reconnaît qu'après le "choc fiscal dramatique" pour les ménages et les entreprises du début du quinquennat, "la courbe s'est infléchie". Mais le représentant patronal de relativiser: "ça nous ramène au niveau des prélèvements obligatoires sur les entreprises de 2008, parce que l'augmentation de la fin du quinquennat (Sarkozy) et du début (de celui de Hollande) était équivalente".
Pour François Asselin, numéro un de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), le pacte de responsabilité est "la seule mesure qui a été lisible et qui a produit des résultats". "Le gouvernement n'a pas molli sur le CICE et on voit que ça a eu un impact très positif sur les entreprises à fort taux de main d'oeuvre", déclare-t-il à l'AFP.
Le premier bilan du CICE, notamment en matière d'emploi mais aussi d'investissement des entreprises, doit être publié fin septembre par France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon. Mais déjà, le gouvernement fait valoir que les créations d'emplois se sont accélérées en 2015, un résultat permis en partie par ce dispositif. L'Insee évalue pour sa part à 80.000 le surplus d'emplois lié au CICE et au Pacte. Pour autant, les entreprises restent méfiantes sur les annonces du gouvernement.
"Quand bien même on annonce des mesures favorables aux PME, on finit par se demander comment l'Etat va financer tout ça", souligne M. Asselin, qui dénonce un "budget de campagne" et réclame "un peu plus d'orthodoxie budgétaire".
Du côté des artisans, l'avis sur le pacte est aussi positif. Mais "on a des entreprises qui sont en situation de convalescence", observe auprès de l'AFP Pierre Burban, secrétaire général de l'Union professionnelle artisanale (UPA), craignant toujours des "mesures intempestives qui aggraveraient le niveau des prélèvements sur les entreprises, en particulier les TPE-PME". "On sent un retournement de tendance mais il est fragile", met-il en garde.
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