Pourra-t-on dans un avenir proche rembourser moins que le capital emprunté ? Voilà la question soulevée par la multiplication des taux négatifs.
Les taux négatifs font de plus en plus parler d’eux s’agissant des emprunts contractés par les Etats en général et plus particulièrement de la France. Emprunter 10.000 € aujourd’hui pour n’en rembourser que 9998 € à terme, voilà donc une situation connue et admise pour les autorités publiques. Alors pourquoi ne pas rêver et espérer voir nos propres crédits bénéficier de ses taux négatifs ? L’idée peut apparaître comme séduisante, et pourtant nous avons tout intérêt à ce que les banques françaises ne succombent pas aux sirènes de ce dérèglement économique.
Les taux négatifs, l’illusion d’une « bonne affaire »
Lorsqu’un établissement bancaire vous paie pour que vous souscriviez un emprunt, et c’est bien-là
la définition du taux négatif, vous pensez, de prime abord, être gagnant. A la fin de vos remboursements, vous aurez en effet remboursé moins que le capital emprunté. Mais savez-vous d’où vient ces sommes débloquées pour que vous puissiez concrétiser vos projets ? Quand vous souscrivez un emprunt auto ou lorsque vous
contractez un prêt immobilier, c’est l’argent des clients des banques, qui est utilisé pour vous financer. Et les banques françaises ont des réserves en la matière, puisque selon la
Banque de France, les dépôts à vue des ménages s’élevaient, au premier trimestre 2019 à
576,2 milliards d'euros.
Si vous remboursez moins que ce que vous avez emprunté, la banque ne rémunérera donc plus les épargnants. Le dilemme est cruel pour tous les Français, puisque souhaiter des taux négatifs pour ses emprunts implique donc d’accepter ces mêmes taux pour la rémunération de ses liquidités. En d’autres termes, déposer son argent à la banque sur un compte courant ou sur un produit d’épargne ne sera plus gratuit mais vous sera facturé. Les avantages, promis par les taux négatifs, fondent comme neige au soleil. Certains établissements financiers ont d’ailleurs déjà alerté sur ce danger, en soulignant la perte d’attractivité des contrats d’assurance vie, dont de nombreux contrats reposent sur les emprunts des Etats. Et ce n’est que la première mise en garde d’une série, appelée à s’accroitre.
Si les Français ne sont pas prêts à payer pour le dépôt d’argent, ils ne peuvent donc pas prétendre à bénéficier de ces taux négatifs pour leurs emprunts. De leur côté, les banques sont dans l’impossibilité, au moins morale, d’appliquer ces taux alors que pendant des décennies, elles se sont refusées de rémunérer les dépôts de leurs clients, à une époque où ces taux étaient supérieurs à 2 ou même 3 %. Les taux négatifs ne sont donc pas prêts d’être appliqués en France, même si certains ne résisteront pas à la tentation d’un coup de com. Empruntez 1.000 €, remboursez 998 €. Le slogan est prometteur du succès, bien qu’il représente un véritable danger pour ces mêmes établissements financiers.