"Patrouilles antimigrants" : garde à vue pour Damien Rieu, identitaire du FN (RN)

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Pierre Plottu
Publié le 01 février 2019 - 19:20
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Des membres de Génération identitaire bloquent le Col de l'Echelle.
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©Romain Lafabregue/AFP
Les identitaires de GI ont organisé au printemps 2018 une opération "antimigrants" à la frontière entre la France et l'Italie.
©Romain Lafabregue/AFP

Quatre militants du groupe d'extrême droite Génération identitaire ont été placés en garde à vue mardi pour leur action au col de l'Echelle, en avril dernier. Parmi eux, l'identitaire proche du RN (ex-FN) et de Marion Maréchal-Le Pen: Damien Rieu, selon les informations de France-Soir.

Quatre militants du groupe d'extrême droite Génération identitaire (GI) ont été placés en garde à vue en début de semaine, a annoncé mardi 29 le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland par voie de communiqué. Ce jour-là, trois hommes et une femme ont été retenus de 9h du matin à 17h, selon nos informations, pour répondre aux enquêteurs sur les "patrouilles antimigrants" menées par GI au col de l'Echelle, à la frontière entre la France et l'Italie matérialisée par les Alpes, en avril-mai dernier.

Les identitaires ont intensément communiqué dès le jour même pour réclamer la "libération" de leurs camarades: le président de GI Clément Galant ainsi que les deux porte-parole Anaïs Lignier et Romain Espino. Le hashtag "Freeouractivist" ("libérez nos activistes") a été repris par de larges pans de l'extrême droite sur les réseaux sociaux et GI a appelé aux dons en signe de soutien. Le cas d'Anaïs Lignier, enceinte de huit mois, a notamment été mis en avant pour dénoncer la procédure concernant des faits d'"immixtion dans une fonction publique" notamment.

Les noms de trois des quatre mis en cause ont ainsi été largement diffusés pour crier à la "persécution judiciaire". Mais quid du quatrième mis en cause? Selon nos informations, il s'agit de Damien Rieu, de son vrai nom Damien Lefèvre.

L'homme est tout sauf un inconnu. Tête d'affiche du mouvement identitaire français depuis des années -il reconnaît lui-même être très sollicité par les médias pour parler de GI-, Damien Rieu a toutefois officiellement quitté toutes ses fonctions au sein du groupe depuis 2015 et nous assure ne plus en être adhérent. Cofondateur de la société de communication Janus international, toujours en activité, avec Olivier Giot-Bordot, le quasi-trentenaire est passé brièvement par le cabinet de Marie-Claude Bompard (ex-frontiste désormais à la Ligue du Sud) avant d'être embauché à la communication de la ville de Beaucaire en 2015, auprès du maire RN (alors FN) Julien Sanchez. 

Lire- Génération identitaire: deux vagues d'arrestations de jeunes proches du groupe d'extrême droite

L'identitaire, qui est aujourd'hui collaborateur parlementaire (sous son vrai nom) du député Rassemblement national Gilbert Collard, a ensuite rejoint l'équipe de Marion Maréchal-Le Pen, dont il se dit proche, pour la campagne régionale de 2015 et au conseil régional PACA jusqu'en 2017, avant de regagner de nouveau la ville de Beaucaire, toujours dans l'équipe de Julien Sanchez. Poste quitté "il y a trois mois", confirme-t-il à France-Soir. En juin dernier, il disait au site d'extrême droite Breizh-info "donner aussi des coups de main lors des campagnes électorales pour le FN".

Damien Rieu a donc bien été placé en garde à vue pour l'action menée par Génération identitaire au col de l'Echelle au printemps dernier. Son nom a en outre servi à réserver les hélicoptères mobilisés pour filmer l'opération, selon une information du JDD confirmée par nos soins. C'est pour cela notamment qu'il a été convoqué dans cette affaire et a dû répondre aux questions des enquêteurs. Ceux-ci semblent en outre s'intéresser plus largement au mouvement GI, puisque les questions posées lors des auditions, à Damien Rieu comme aux autres militants, portaient aussi sur le financement du groupe, voire relevaient d'une "mission de renseignement", selon les informations recueillies par France-Soir.

L'activiste d'extrême droite n'en est pas à son coup d'essai. Il a ainsi participé à plusieurs actions antimigrants menées avec Génération identitaire par le passé comme l'occupation de la mosquée de Poitiers en chantier en 2012 ou au flop du C-star, le navire affrété en 2017 pour enrayer les opérations de sauvetages de migrants en Méditerranée. Une accumulation d'affaires devenue gênante pour le FN, au point que celui que d'aucuns qualifiaient "d'étoile montante du parti" a été contraint de prendre ses distances -au moins en façade- avec le Rassemblement national. Contactée, la direction du service de presse du parti botte d'ailleurs en touche: "Connais pas, je ne m'occupe que de la communication de Marine Le Pen", évacue ainsi Alain Vizier avant de raccrocher.

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