Brexit : Londres craint de perdre son attractivité économique
Le Brexit va-t-il couper les ailes au dynamisme de Londres? La mégapole va forcément perdre en attrait pour certains investisseurs, avec d'inévitables répercussions pour son économie florissante.
Quelque 60% des électeurs de Londres ont voté le 23 juin pour que le Royaume-Uni reste membre de l'Union européenne, mais le reste du pays en a décidé autrement. Et la capitale peuplée de 8,6 millions d'habitants, dont le Produit intérieur brut (PIB) équivaut à celui de la Norvège, se ronge les sangs pour savoir ce que cela signifiera pour son économie.
Hors de l'UE, Londres ne pourra plus prétendre à oeuvrer comme porte d'entrée des entreprises américaines ou asiatiques sur le marché unique européen.
"Certaines entreprises qui voient en Londres une plate-forme pour desservir le marché européen intégré vont déplacer au moins une partie de leur siège dans d'autres villes de l'UE", prédit ainsi Greg Clark, spécialiste en développement des villes au think-tank Brookings Institute.
Une première banque, l'américaine JPMorgan qui emploie 16.000 personnes au Royaume-Uni, a fait savoir dès vendredi qu'elle pourrait déplacer des emplois hors du pays.
Selon l'agence de notation Standard and Poor's, un cinquième de l'activité bancaire mondiale est réalisée à Londres. Une hémorragie de banquiers toucherait la ville de plein fouet: le secteur financier y fournit un emploi sur trois, soit 1,25 million de postes. Les services dans leur ensemble représentent 85% des emplois, ayant complètement supplanté l'industrie manufacturière qui a longtemps fait la force de la métropole.
"Il est essentiel que nous restions partie prenante du marché unique", a enjoint le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, plaidant pour que sa ville ait voix au chapitre pendant les négociations avec l'UE sur les modalités de sortie.
Partie comme un gag mais révélatrice d'inquiétudes profondes, samedi soir une pétition pour un "Lexit" qui consacrerait l'indépendance de la capitale avait recueilli plus de 140.000 signatures.
Malgré ces inquiétudes, M. Clark de Brookings juge néanmoins probable qu'au final, "le nombre net d'emplois perdus ne soit pas énorme, parce que les entreprises vont se réorganiser plutôt que partir complètement", et de toute façon "Londres restera un bon endroit pour desservir les marchés mondiaux".
La ville, dont le PIB a crû de 3,3% l'an dernier (contre 2,3% pour l'ensemble du pays), a indubitablement des atouts pour cela: on y parle anglais, langue internationale du business, elle est cosmopolite et culturellement riche. L'organisation des Jeux olympiques en 2012, flanquée d'investissements notamment dans les transports, lui a donné un formidable élan.
Si banquiers très bien payés et autres expatriés désertent pour Francfort, Paris ou Dublin, tout un pan de l'économie qui s'appuie sur leur pouvoir d'achat élevé souffrira - des agences immobilières haut de gamme aux écoles privées select.
Le premier à en faire les frais pourrait être le secteur de la pierre. "C'est sur l'immobilier résidentiel à Londres que la décision de quitter l'UE va se ressentir le plus fort", anticipe le spécialiste du secteur Hometrack. "L'expérience montre que les chocs externes ont conduit à des baisses de chiffres d'affaires de jusqu'à 20%" sur ce segment, selon lui.
Un tel retournement entraînerait une pression à la baisse sur les prix, une bonne nouvelle finalement pour beaucoup d'acheteurs potentiels et locataires, dans une ville où l'immobilier est inabordable et où la valeur des biens grimpe actuellement au rythme de 13% par an.
Dans la série "consolations", M. Clark fait aussi miroiter un autre avantage potentiel: "Londres pourra constituer une opportunité de se diversifier pour les investisseurs qui voudraient parier contre l'UE mais profiter quand même des opportunités de croissance de l'Europe", croit-il.
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