Croissance : la zone euro au ralenti et inquiète après les attentats et le Brexit
La croissance dans la zone euro a ralenti au deuxième trimestre, selon des chiffres officiels publiés ce vendredi 28, alors que les économistes mettent d'ores et déjà en garde contre les possibles conséquences négatives du Brexit.
"Cette décélération n'est pas vraiment une surprise, après la forte croissance du premier trimestre. Le troisième a plutôt bien démarré, mais il est encore trop tôt pour minimiser les potentiels impacts néfastes du Brexit", a commenté Peter Vanden Houte, analyste de la banque néerlandaise ING.
"La croissance au second semestre de l'année restera probablement modérée", a prédit Karen Ward, de la banque HSBC, estimant qu'elle pourrait subir les contrecoups du vote des Britanniques en faveur de la sortie de l'UE, ainsi que des récentes attaques djihadistes en France et en Allemagne, les deux poids lourds de la zone euro.
D'avril à fin juin, le Produit Intérieur Brut (PIB) a progressé de 0,3%, dans les dix-neuf pays ayant adopté la monnaie unique, après +0,6% au premier, selon une première estimation de l'Office européen des statistiques, Eurostat.
Ce chiffre est conforme aux attentes des analystes interrogés par Factset. Il a cependant été accueilli "avec soulagement", a noté l'économiste Jack Allen, de Capital Economics, après les statistiques "très faibles" concernant la France.
Dans la deuxième économie de la zone euro, la croissance a en effet stagné au deuxième trimestre, alors qu'elle était attendue en hausse de 0,3%, plombée notamment par la consommation et un recul des investissements.
"La bonne nouvelle du jour", a estimé M. Vanden Houte, "c'est que l'économie de la zone euro tourne encore à une certaine allure, même si l'on ne peut pas s'attendre à une accélération tant que le feuilleton du Brexit continue de soulever des doutes sur son impact".
Le chômage est resté stable en juin dans la zone euro, à 10,1% comme en mai -conformément aux attentes du marché-, soit le plus faible taux enregistré depuis juillet 2011. Un chiffre toutefois bien plus élevé que la moyenne atteinte avant la crise de la zone euro qui a éclaté en 2008. "Entre 1999 et 2007, le taux moyen était de 8,8%", a rappelé M. Allen.
De fortes disparités subsistent aussi parmi les pays ayant adopté la monnaie unique. Les taux de chômage les plus faibles en juin ont été enregistrés à Malte (4,0%) et en Allemagne (4,2%). Et les plus élevés ont été relevés en Grèce (23,3% en avril 2016, dernier chiffre disponible) et en Espagne (19,9%). La France fait un peu mieux que la zone euro dans son ensemble avec un taux à 9,9%.
Les moins de 25 ans restent également plus touchés que l'ensemble des actifs, dans les 19 pays de la monnaie unique: en juin, le taux de sans emploi des jeunes était de 20,8%, contre 20,9% en mai. Quant à l'inflation dans la zone euro, elle a accéléré en juillet, les prix progressant de 0,2% sur un an, après une hausse de 0,1% en juin, selon une première estimation supérieure aux attentes des analystes qui tablaient sur +0,1%.
Ces chiffres -influencés par le cours très bas du pétrole- sont bien en deçà de l'objectif que s'est fixé la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation de presque 2%, un niveau jugé bénéfique à l'activité économique.
La BCE peine pour l'instant à faire décoller les prix à la consommation dans le bloc monétaire, malgré la vaste palette d'actions déployée depuis deux ans.
"Nous pouvons imaginer que la pression s'accentue sur l'institution de Francfort pour qu'elle prenne des mesures supplémentaires", suggère M. Vanden Houte, "particulièrement si la croissance économique ralentit encore davantage".
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