France : les opposants au CETA et au TAFTA se rassemblent samedi

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 octobre 2016 - 16:55
Image
Des opposants au CETA.
Crédits
©John Thys/AFP
L'impopularité des accords commerciaux est croissante dans les opinions publiques.
©John Thys/AFP
Après des manifestations massives en Allemagne à la mi-septembre, les opposants au traité de libre-échange avec le Canada (CETA) et celui avec les Etats-Unis (TTIP ou TAFTA) vont se réunir en France samedi. Les rassemblements auront lieu dans 35 villes françaises.

Les opposants au traité de libre-échange avec le Canada (CETA), sur le point d'être signé, et celui en négociation avec les Etats-Unis (TTIP ou TAFTA), se mobilisent samedi en France, après des manifestations massives en Allemagne à la mi-septembre. Ces deux accords "auraient des conséquences graves, telles que l'abaissement des barrières tarifaires en matière agricole qui aggraverait la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysans", affirme le collectif Stop TAFTA, qui regroupe des ONG comme Attac, les Amis de la Terre ou encore des syndicats.

"Nous voulons donner un nouveau signal et attirer l'attention du gouvernement et de l'opinion publique sur les dangers du CETA", a expliqué à l'AFP Dominique Plihon, porte-parole d'Attac, qui annonce des manifestations dans 35 villes françaises samedi. "La mobilisation prendra des formes variées et originales, avec l'objectif d'atteindre un seuil critique afin d'attirer l'attention sur le CETA", a-t-il affirmé. Les organisateurs dénoncent "le nivellement par le bas des normes qui protègent la qualité de notre alimentation, la santé publique, la sécurité industrielle et l'environnement".

L'impopularité des accords commerciaux est croissante dans les opinions publiques, et des candidats comme le républicain Donald Trump, aux Etats-Unis, se sont emparés du sujet dans leur campagne. Si jusqu'à présent le TTIP suscitait le plus d'hostilité dans l'opinion publique, l'accord de libre échange avec le Canada soulève de plus en plus de réticence, au fur et à mesure que se rapproche sa signature, prévue à la fin du mois. Il doit être approuvé par la suite par les parlements nationaux. Le secrétaire d'Etat au Commerce français, Matthias Fekl, s'est voulu rassurant lors d'une audition mardi soir au Sénat sur le CETA: "sur l'agriculture, les Canadiens, de manière importante, ont accepté 42 indications géographiques françaises", a-t-il affirmé.

Selon lui, le CETA"n'est pas un cheval de Troie" qui permettrait aux Etats-Unis d'entrer sur le marché européen en passant par le Canada. "Près de 3.000 entreprises américaines sont déjà présentes en France pour un demi-million d'emplois créés et n'ont pas besoin du CETA", a-t-il expliqué aux sénateurs. Les opposants ne partagent pas cette opinion: "Dès l'approbation du CETA, les multinationales américaines, qui possèdent de nombreuses filiales au Canada, pourraient utiliser ces mécanismes pour attaquer les réglementations qu'elles jugent défavorables", dénoncent-ils.

M. Fekl a demandé à la mi-septembre l'arrêt des négociations sur le TTIP lors d'une réunion des ministres du Commerce de l'Union européenne (UE) à Bratislava, mais il a toujours présenté le CETA comme "l'anti-TAFTA". Le Premier ministre Manuel Valls a d'ailleurs qualifié dans une tribune publiée mercredi dans le Financial Times le CETA d'accord "judicieusement équilibré". Le ministre de l'Economie slovaque, Peter Ziga, dont le pays préside actuellement l'UE, a reconnu lors de la réunion de Bratislava qu'il était "irréaliste" de conclure un accord sur le TAFTA d'ici la fin de la présidence de Barack Obama en janvier prochain.

En dépit des réticences de quelques Etats membres, au premier rang desquels la France et l'Autriche, les négociations n'ont pas été suspendues et la 15e session de négociations s'est déroulée la semaine dernière à New York. Face à ces traités de plus en plus impopulaires dans l'opinion publique, l'opposition se mobilise en Europe.

En Allemagne, où les réticences au CETA mais surtout au TAFTA, sont très fortes, plus de 100.000 personnes ont décidé en août de se joindre à une des plaintes déposées auprès de la Cour constitutionnelle allemande pour s'opposer à l'accord CETA et entre 163.000 à 320.000 manifestants ont manifesté à la mi-septembre dans sept villes. Peine perdue: la Cour de Karlsruhe a autorisé jeudi le gouvernement allemand à approuver l'application provisoire du CETA, lui permettant ainsi de signer l'accord le 27 octobre prochain au cours d'un sommet Canada-UE à Bruxelles.

La décision mercredi soir par le Parlement de la Communauté française de Belgique, de ne pas accorder son aval, obligatoire, au gouvernement fédéral pour la signature de l'accord CETA pourrait toutefois bloquer sa mise en oeuvre. La mobilisation d'environ 9.000 personnes fin septembre sous les fenêtres des institutions européennes pour dénoncer les deux traités pourrait avoir porté ses fruits.

 

À LIRE AUSSI

Image
Le siège de la commission européenne à Bruxelles.
TTIP-TAFTA : le traité transatlantique a du plomb dans l'aile
Déjà très contesté pour son éventuel impact sur les normes européennes, le traité transatlantique TTIP (ou Tafta) a perdu le soutien de la France et de l'Allemagne ava...
01 septembre 2016 - 11:09
Tendances éco
Image
Attentats de paris 13 nov 2015 Hollande John Kerry Elysée
TTIP-TAFTA : la France demande l'arrêt des négociations sur le traité
La possibilité d'un accord sur le TTIP s'éloigne encore un peu plus: la France a annoncé mardi qu'elle demanderait à la Commission européenne d'"arrêter" les négociati...
30 août 2016 - 14:48
Politique
Image
Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères américain, John Kerry.
TTIP-TAFTA : le traité pourrait atténuer les effets négatifs du Brexit, selon Kerry
Le traité de libre-échange transatlantique TTIP, aussi appelé Tafta, est actuellement en cours de négociation. Selon le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, il pou...
18 juillet 2016 - 16:40
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.