France : les opposants au CETA et au TAFTA se rassemblent samedi
Les opposants au traité de libre-échange avec le Canada (CETA), sur le point d'être signé, et celui en négociation avec les Etats-Unis (TTIP ou TAFTA), se mobilisent samedi en France, après des manifestations massives en Allemagne à la mi-septembre. Ces deux accords "auraient des conséquences graves, telles que l'abaissement des barrières tarifaires en matière agricole qui aggraverait la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysans", affirme le collectif Stop TAFTA, qui regroupe des ONG comme Attac, les Amis de la Terre ou encore des syndicats.
"Nous voulons donner un nouveau signal et attirer l'attention du gouvernement et de l'opinion publique sur les dangers du CETA", a expliqué à l'AFP Dominique Plihon, porte-parole d'Attac, qui annonce des manifestations dans 35 villes françaises samedi. "La mobilisation prendra des formes variées et originales, avec l'objectif d'atteindre un seuil critique afin d'attirer l'attention sur le CETA", a-t-il affirmé. Les organisateurs dénoncent "le nivellement par le bas des normes qui protègent la qualité de notre alimentation, la santé publique, la sécurité industrielle et l'environnement".
L'impopularité des accords commerciaux est croissante dans les opinions publiques, et des candidats comme le républicain Donald Trump, aux Etats-Unis, se sont emparés du sujet dans leur campagne. Si jusqu'à présent le TTIP suscitait le plus d'hostilité dans l'opinion publique, l'accord de libre échange avec le Canada soulève de plus en plus de réticence, au fur et à mesure que se rapproche sa signature, prévue à la fin du mois. Il doit être approuvé par la suite par les parlements nationaux. Le secrétaire d'Etat au Commerce français, Matthias Fekl, s'est voulu rassurant lors d'une audition mardi soir au Sénat sur le CETA: "sur l'agriculture, les Canadiens, de manière importante, ont accepté 42 indications géographiques françaises", a-t-il affirmé.
Selon lui, le CETA"n'est pas un cheval de Troie" qui permettrait aux Etats-Unis d'entrer sur le marché européen en passant par le Canada. "Près de 3.000 entreprises américaines sont déjà présentes en France pour un demi-million d'emplois créés et n'ont pas besoin du CETA", a-t-il expliqué aux sénateurs. Les opposants ne partagent pas cette opinion: "Dès l'approbation du CETA, les multinationales américaines, qui possèdent de nombreuses filiales au Canada, pourraient utiliser ces mécanismes pour attaquer les réglementations qu'elles jugent défavorables", dénoncent-ils.
M. Fekl a demandé à la mi-septembre l'arrêt des négociations sur le TTIP lors d'une réunion des ministres du Commerce de l'Union européenne (UE) à Bratislava, mais il a toujours présenté le CETA comme "l'anti-TAFTA". Le Premier ministre Manuel Valls a d'ailleurs qualifié dans une tribune publiée mercredi dans le Financial Times le CETA d'accord "judicieusement équilibré". Le ministre de l'Economie slovaque, Peter Ziga, dont le pays préside actuellement l'UE, a reconnu lors de la réunion de Bratislava qu'il était "irréaliste" de conclure un accord sur le TAFTA d'ici la fin de la présidence de Barack Obama en janvier prochain.
En dépit des réticences de quelques Etats membres, au premier rang desquels la France et l'Autriche, les négociations n'ont pas été suspendues et la 15e session de négociations s'est déroulée la semaine dernière à New York. Face à ces traités de plus en plus impopulaires dans l'opinion publique, l'opposition se mobilise en Europe.
En Allemagne, où les réticences au CETA mais surtout au TAFTA, sont très fortes, plus de 100.000 personnes ont décidé en août de se joindre à une des plaintes déposées auprès de la Cour constitutionnelle allemande pour s'opposer à l'accord CETA et entre 163.000 à 320.000 manifestants ont manifesté à la mi-septembre dans sept villes. Peine perdue: la Cour de Karlsruhe a autorisé jeudi le gouvernement allemand à approuver l'application provisoire du CETA, lui permettant ainsi de signer l'accord le 27 octobre prochain au cours d'un sommet Canada-UE à Bruxelles.
La décision mercredi soir par le Parlement de la Communauté française de Belgique, de ne pas accorder son aval, obligatoire, au gouvernement fédéral pour la signature de l'accord CETA pourrait toutefois bloquer sa mise en oeuvre. La mobilisation d'environ 9.000 personnes fin septembre sous les fenêtres des institutions européennes pour dénoncer les deux traités pourrait avoir porté ses fruits.
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