Sony veut bannir tous les contenus sexuellement explicites dans ses jeux vidéo
Selon le Wall Street Journal, Sony prépare un nouveau cahier des charges pour les studios qui veulent sortir des jeux sur la Playstation 4 et la future Playstation 5, bannissant toute image sexuellement explicite (ou considérée comme tel). La firme nippone s'inscrit dans la tendance #MeToo, explique-t-elle, mais devra d'abord imposer cette contrainte sur le marché japonais, plus "permissif" qu'en Europe et aux Etats-Unis.
La décision pourrait provoquer des déceptions chez les joueurs, mais elle marque aussi une incompréhension en partie culturelle dans un secteur économique qui se veut pourtant globalisé. Le Wall Street Journal annonce mardi 16 que la firme Sony va renouveler son cahier des charges à destination des développeurs voulant proposer des jeux sur la PlayStation 4 et la future PlayStation 5 avec une indication claire: fini les allusions sexuelles dans ses jeux.
Si les détails précis des interdictions à venir ne sont pas connus avec exactitude, l’entreprise explique vouloir éviter que ses jeux "nuisent à la croissance et au développement" du jeune public. Mais c’est bien la dimension érotique de certains jeux –généralement à sens unique, dénudant plutôt les personnages féminins– qui est dans le collimateur sur fond du mouvement #MeToo, comme le confirme une source de l’entreprise au journal. Certaines licences importantes comme Devil May Cry ou Dead or Alive (dont les derniers opus sont déjà en partie censurés) pourraient être profondément impactés dans les épisodes à venir sur les deux machines.
Sony, tout comme ses concurrents Nintendo et Microsoft, se reposait jusque-là sur les organes de contrôle locaux pour autoriser ou non un jeu sur un marché donné. Le souhait de Sony serait dorénavant d’harmoniser la situation, ce qui reviendrait à interdire potentiellement un jeu sur l’ensemble de la planète s’il contrevient aux nouveaux critères, même si son contenu ne pose pas de soucis légaux dans certains pays.
Principal difficulté stratégique: le Japon, pays d’origine de Sony, où le jeu vidéo représente plus de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires. L’archipel est relativement tolérant depuis de nombreuses années envers les jeux décrivant des personnages féminins aux poses suggestives, malgré un jeune âge apparent. Exemple notable et récent de la différence de point de vue culturel sur ce qui est "acceptable" dans le domaine du jeu vidéo grand public: le jeu Omega Labyrinth Z, sorti en 2017 au Japon mais banni en dehors des frontières nippones, montrant des jeunes filles en uniforme d’écolière aux poitrines démesurées. Selon les nouvelles orientations de Sony, un tel titre n’aurait plus l’autorisation de sortir sur une console de l’entreprise, réduisant de fait pour le studio le potentiel de vente de son titre.
(Voir ci-dessous la vidéo promotionnelle du jeu Omega Labyrinth Z, censuré hors du Japon)
Reste à savoir si Sony exigera aussi pour les jeux déjà sortis la mise à disposition d’un "patch", un programme à télécharger qui corrigera les images de nudité, une option qui serait particulièrement couteuse pour le secteur. Cette volonté de Sony de gommer toute image érotique, si elle se confirme bien pourrait accentuer la migration des jeux au contenu licencieux vers Nintendo (qui a confirmé au Wall Street Journal qu’il ne fera pas évoluer sa propre règlementation). Ironie de l’histoire: Nintendo était traditionnellement positionné sur le marché du public "familial" pour les jeux vidéo et ses consoles alors que Sony était sur le créneau des jeux plus "adultes". Le vent tourne.
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