Inondations : Valls annonce un "fonds d'extrême urgence" pour les sinistrés
Ce fonds est destiné aux sinistrés des inondations "sans ressources ayant tout perdu", en attendant les indemnisations des assureurs, a précisé le Premier ministre à l'issue d'une réunion au ministère de l'Intérieur des ministres concernés par les inondations.
Il a également confirmé que dès mercredi l'état de catastrophe naturelle serait reconnu au Conseil des ministres pour une première liste de départements et de communes sinistrés. "L'heure est à la décrue, mais plusieurs situations font toujours l'objet d'une vigilance toute particulière", a-t-il dit, citant la Seine dans sa partie aval, le Cher et l'Essonne. "Il faut dans les jours qui viennent rester extrêmement prudents et vigilants". "La décrue sera longue et certains équipements ont été fragilisés ou dégradés, le retour à la normale prendra donc du temps", a-t-il prévenu.
"La solidarité s'impose", a-t-il souligné avant de se rendre sur le terrain avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à Montargis, la sous-préfecture du Loiret sévèrement touchée par les inondations. Il a rencontré des habitants d'un quartier sinistré où des déchets étaient entassés devant les maisons et au coin des rues, a constaté un journaliste de l'AFP. Manuel Valls a pu voir aussi des œuvres d'art du musée Girodet, abîmées.
Visiblement excédé, un sexagénaire s'est dit particulièrement agacé par les gens qui viennent "visiter" les maisons évacuées, évoquant des vols. "Ils fouillent dans les poubelles, vous vous rendez compte? On se croirait en temps de guerre", lance une habitante sinistrée.
A Corbeil-Essonnes, à la confluence de l' Essonne et de la Seine, le pic de la crue est attendu mardi. Si la Seine a commencé sa décrue, l'Essonne continue de monter lentement. "Certains quartiers sont totalement inondés mais les problèmes sont pour demain", a indiqué à l'AFP le maire de la ville Jean-Pierre Bechter (LR).
Dans le Cher, la tendance générale est à la décrue, selon la préfecture, à l'exception de la commune de Vierzon où 23 habitations ont dû être évacuées dans la nuit, tandis qu'environ 200 personnes sont au chômage technique sur la zone industrielle des Forges. L'eau du robinet est impropre à la consommation dans 13 communes du département.
En Normandie, la crue de la Seine en aval reste en cours de stabilisation, selon la préfecture de Seine-Maritime, même si l'eau a envahi à nouveau les quais de Rouen et d'Elbeuf en raison d'un fort coefficient de marée vers 4h du matin, avant de se retirer. Les voies sur berges à Elbeuf ont été rouvertes à la circulation. Le bilan global restait lundi matin inchangé, avec quatre morts et 24 blessés.
Des centaines de communes touchées, des gares inondées, des milliers d'entreprises et de commerces affectés par une semaine de crues, sans oublier les agriculteurs et les particuliers sinistrés notamment: les premières évaluations et la liste des dépenses à venir laissent entrevoir un coût des dégâts supérieur au milliard d'euros. Pour "simplifier et accélérer l'indemnisation" des sinistrés, la secrétaire d'Etat chargée de l'aide aux victimes Juliette Méadel reçoit lundi les assureurs.
Elle doit leur demander de travailler "à une indemnisation forfaitaire", c'est-à-dire "une indemnisation sans expertise, pour des dommages inférieurs à un certain montant", ce qui "permet une indemnisation plus rapide". Lundi également, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll doit réunir les représentants du monde agricole et élus de Seine-et-Marne.
Pour les commerces de proximité, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron doit convoquer une "cellule de continuité économique" qui "va arrêter des mesures d'aide exceptionnelles" pour permettre le démarrage des activités "le plus vite possible". Au total, 14 départements étaient encore en vigilance orange "crues-inondations" lundi matin, dans la région Centre, en Normandie et en Ile-de-France.
A Paris, la décrue se confirme: le niveau de la Seine est redescendu à 5,36 m lundi à 9h contre 6,10 m dans la nuit de vendredi à samedi. Il s'agit de la plus forte crue depuis 1982 dans la capitale (6,18 m cette année-là), très loin cependant de celle de 1910 (8,62 m). Quelque 7.000 foyers étaient toujours privés d'électricité lundi matin, la plupart en Ile-de-France.
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