Pénurie de personnel : le casse-tête des opérateurs de transport public

Auteur(s)
FranceSoir avec AFP
Publié le 10 septembre 2022 - 14:05
Image
Confrontés à un manque criant de personnel cette année, les opérateurs de transport public doivent…
Crédits
AFP/Archives - Mehdi FEDOUACH
Confrontés à un manque criant de personnel cette année, les opérateurs de transport public doivent faire preuve d'ingéniosité pour maintenir une offre suffisante.
AFP/Archives - Mehdi FEDOUACH

"On recrute des conducteurs." Confrontés à un manque criant de personnel cette année, les opérateurs de transport public doivent faire preuve d'ingéniosité pour maintenir une offre suffisante.

La rentrée 2022 a été marquée par une série de mesures d'"aménagement des plans de transport" - en clair, un relâchement des fréquences - un peu partout en France.

À Bordeaux par exemple, TBM a été contraint de réduire la fréquence de ses bus et tramways pendant une semaine début septembre en raison du manque de conducteurs.

La situation a temporairement été réglée grâce au recours aux intérimaires, aux heures supplémentaires et à la mobilisation des salariés non-conducteurs disposant du permis nécessaire.

Mais Pierrick Poirier, le directeur général de Keolis Bordeaux (groupe SNCF), qui exploite le réseau, dit être toujours à la recherche de 30 conducteurs d'ici à la fin de l'année.

À Pau, le "sous-effectif chronique" dénoncé par les syndicats a provoqué une grève très largement suivie le 1er septembre avec 85% de grévistes. "On est passés pas loin de la non-circulation totale des bus", a indiqué Philippe Castagno, de la CGT.

En région parisienne, pas de grève mais des trains supprimés sur certaines lignes, comme les RER C et D, exploités par la SNCF, toujours pour les mêmes raisons.

Faible rémunération

Il manque actuellement "une cinquantaine de nouveaux conducteurs" de trains SNCF en Ile-de-France (sur 2 650) et "moins d'une centaine" dans les TER (sur 5 500), soit "environ 1% des effectifs de conducteurs au plan national", selon un porte-parole de SNCF Voyageurs.

D'après lui, "cela n'a pas de conséquences à plus de 4% sur le plan de transport de la ligne la plus touchée par cette tension sur les effectifs".

Mais les syndicats comme Sud-Rail expliquent ces perturbations avant tout par "le faible niveau de rémunération proposé par la SNCF".

Selon son secrétaire fédéral, Erik Meyer, entre 40 et 50 trains ont été supprimés chaque jour en Auvergne-Rhône-Alpes jusqu'au 15 août, à cause du manque de personnel et dans les Hauts-de-France, la région a dû stopper ses versements à la SNCF en raison de trop nombreuses suppressions de trains. Outre les conducteurs, M. Meyer estime qu'il manque 300 personnes à la maintenance et 800 aiguilleurs dans tout le pays.

À la RATP, les problèmes concernent surtout le réseau de surface où il manque de 1 500 à 1 800 conducteurs de bus, selon l'Unsa mais moitié moins d'après la direction.

"Aujourd'hui, on tourne en moyenne à 20% de service non assuré sur le réseau. Cela représente 800 à 1 000 services par jour", s'inquiète Arole Lamasse, secrétaire général de L'Unsa-RATP.

Dans les bus de région parisienne, des bandeaux inédits "on recrute des conducteurs" défilent quotidiennement.

Fin du statut

Mais à la SNCF comme à la RATP, les syndicats critiquent la fin de l'embauche au statut, responsable de ce désamour d'après eux.

Car si les salaires restent les mêmes, les avantages, retraite anticipée ou garantie de l'emploi, ont disparu.

Pour la responsable de la politique de recrutement de la SNCF Catherine Woronoff, "la fin du statut n'est pas un frein, c'est surtout le marché du travail qui a changé".

"La période Covid avec les confinements et le distanciel a fortement perturbé ces deux dernières années la vie de toutes les entreprises", explique un porte-parole de la SNCF.

Résultat, ces dernières rivalisent d'innovation pour attirer les candidats. Transdev - qui opère les réseaux de nombreuses villes dont Nantes, Rouen et Montpellier - cherche 800 conducteurs d'ici à fin 2022, début 2023, déploie par exemple un bus pour l'emploi itinérant.

"Il est équipé d'un simulateur de conduite pour rencontrer les habitants au cœur de leur lieu de vie, valoriser le métier de conducteur et susciter de nouvelles vocations", explique l'opérateur, filiale de la Caisse des dépôts.

La RATP propose quant à elle une prime de 150 euros aux agents qui apportent un candidat si celui-ci est recruté.

La prime est même doublée si l'intéressé reste plus d'un an dans l'entreprise.

Reste une difficulté : "Ne pas (...) recruter pour recruter", insiste le directeur général des transports publics du Choletais, Marc Delayer. "Il faut maintenir une qualité de recrutement maximum", dit-il.

À LIRE AUSSI

Image
Pénurie dans les crèches
Pénurie de personnel : les crèches pourront bientôt recruter des personnes non-qualifiées
Pour pallier la pénurie d'effectifs dans les crèches, un arrêté ministériel, publié au Journal Officiel le 4 août, prévoit d’autoriser le recrutement de personnes non ...
09 août 2022 - 19:00
Société
Image
Pénurie de sage femme et délestage, le cri d'alerte des maternités
Pénurie de sages-femmes et délestage : le cri d'alerte des maternités
Tensions hospitalières, crise de la médecine libérale, manque de personnel soignant… Le système de santé est à bout de souffle ! Face à une pénurie de sages-femmes san...
02 août 2022 - 17:28
Société
Image
Pap Ndiaye à l'Élysée, le 4 Juillet 2022
Pénurie d'enseignants : la crise de l'Éducation nationale inquiète
Ce n'est pas nouveau, Emmanuel Macron lui-même l'a avoué, "l'école de la République française n'est plus à la hauteur". Sur Twitter, chacun y va de son grain de sel av...
25 août 2022 - 18:10
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.