Nouvelle-Calédonie : Le système de santé s'effondre face à la violence

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France-Soir
Publié le 09 mai 2025 - 18:10
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Des infirmières revêtent des blouses de protections dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de la Timone à Marseille, le 5 janvier 2022
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© Nicolas TUCAT / AFP
© Nicolas TUCAT / AFP

Depuis les émeutes de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, la fuite massive des soignants désorganise un système de santé déjà fragile. À Koné comme à Nouméa, désertification médicale, traumatisme et exode s'accélèrent.

Service de chirurgie déserté, cabinet en cendres, stéthoscopes remisés : en Nouvelle-Calédonie, l’hôpital ne répond plus. Un an après les violences qui ont secoué le territoire, une saignée invisible mais dramatique touche le monde médical. Plus de 140 médecins ont quitté l’île en moins d’un an, selon Bruno Calandreau, président de l’ordre des médecins de Nouméa. « Ce qui revient, c’est : je n’ai plus confiance », confie-t-il à l'envoyé spécial de France Info. Et pour cause ! Une néphrologue a fui après avoir vu son immeuble en feu. Un confrère a été menacé par des émeutiers : « T’as intérêt à partir parce qu’on va mettre le feu, là. »

La violence, directe ou latente, a fait exploser le contrat moral entre soignants et territoire. Cambriolages, véhicules incendiés, centres de santé détruits — comme celui de Kaméré, toujours en ruine un an après — forcent les professionnels à choisir entre engagement et sécurité. « C’est regrettable, mais j’ai fait le deuil d’une vie rêvée qui n’existe plus », admet un médecin anonyme qui s’apprête à quitter l’île. D’autres sont déjà partis, comme Kevin Ory, infirmier psychiatrique exilé en Dordogne. Il se souvient d’avoir été encerclé par des hommes armés de machettes. « Je ne voulais plus subir », dit-il à France Info. À l’hôpital de Koné, on parle désormais des survivants comme des « rescapés ».

Au final, un sondage commandé par la Fédération des professionnels libéraux de santé révèle que 50 % des soignants envisagent de partir. La Direction des affaires sanitaires dénombre plus de 400 postes vacants. C’est un effondrement. Calandreau prévient, inquiet mais lucide : « On se dirige droit vers une médecine en voie de sous-développement. »

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