Corse : un Picasso estimé à plus de 25 millions d'euros saisi sur un bateau

Vendredi 31, "Tête de jeune fille", un tableau de Picasso estimé à plus de 25 millions d'euros, a été saisi sur un bateau en Corse, a annoncé la douane française ce mardi. Considéré comme un "trésor national" par la justice espagnole, l'oeuvre a interdiction de quitter son territoire.

Un tableau de Picasso d'une valeur estimée à plus de 25 millions d'euros a été saisi vendredi 31 sur un bateau en Corse, a annoncé la douane française ce mardi. Une "tentative d'exportation vers la Suisse depuis le bureau des douanes de Bastia d'un tableau de Picasso, Tête de jeune fille,  jeudi dernier, a attiré l'attention des fonctionnaires français", explique-t-elle dans un communiqué. Car le tableau est considéré comme non exportable par les autorités espagnoles.

Vendredi 31, les agents des douanes se rendent donc à bord du bateau transportant l'œuvre, accosté au port de plaisance de Calvi. Une fois sur place, ils réclament les documents relatifs à la situation du tableau. Le capitaine leur fournit alors un document d'évaluation de l'œuvre ainsi qu'un compte rendu du jugement de mai 2015 venant de l'Audience nationale et rédigé en langue espagnole expliquant qu'il s'agit là d'un trésor national espagnol qui ne peut en aucun cas sortir d'Espagne.

Estimé à plus de 25 millions d'euros, Tête de jeune fille, réalisé en 1913 par Pablo Picasso, appartient à Jaime Botin, célèbre banquier espagnol âgé de 79 ans dont la famille a participé à la fondation de la banque Satander en 1857. Cette dernière est ensuite devenue le premier groupe bancaire d'Espagne. Le vieil homme, qui en fut vice président de 1999 à 2004, n'était pas présent à bord du bateau quand la douane est arrivée, explique celle-ci, précisant que le  navire appartient à une société britannique dont il est actionnaire.

Qui plus est, la demande d'exportation enregistrée à Bastia n'a pas été faite à son nom. Une première demande avait d'abord été déposée en décembre 2012 en Espagne afin de sortir définitivement le tableau du territoire pour le transporter à Londres. Le ministre de la Culture s'y était alors opposé et, en 2015, l'Audience nationale, une des plus hautes juridictions espagnoles qui soit, avait également jugé l'œuvre "non exportable", sous prétexte qu'elle appartenait aux "biens d'intérêt culturels" qui ont interdiction de quitter le territoire national. "Il s'agit de l'une des rares œuvres de l'auteur appartenant à sa période Gósol, pendant laquelle Picasso a clairement été influencé par l'art ibérique", faisait ainsi valoir le tribunal. Les autorités françaises attendent donc d'éventuelles demandes de l'Espagne pour récupérer le tableau.