Critique- "En liberté !" : l'hilarant thriller sentimental de Pierre Salvadori (vidéo)
Mélange très réussi de thriller déjanté et de comédie sentimentale, En liberté!, du réalisateur Pierre Salvadori, sort ce mercredi 31 octobre sur les écrans, après avoir été très applaudi à la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes.
Dans une petite ville de la Côte d'Azur, Yvonne (Adèle Haenel), inspectrice de police, raconte tous les soirs à son jeune fils à quel point il peut être fier de son papa: héros de la police locale, le capitaine Santi (Vincent Elbaz), avec qui elle a été mariée huit ans, est mort au combat deux ans auparavant, victime du devoir.
Mais un jour Yvonne apprend que son défunt mari n'était pas le flic courageux et intègre qu'elle croyait, mais un ripoux. Et qu'il a notamment fait condamner pour braquage un innocent, Antoine (Pio Marmaï), qui croupit depuis huit ans derrière les barreaux.
Quand celui-ci sort enfin de prison et retrouve sa fiancée (Andrey Tautou), Yvonne le suit et décide de tenter de réparer l'injustice dont il a été victime. Au grand dam mais avec l'aide de son collègue et amoureux transi (Damien Bonnard), seul à connaître la vérité, elle va être entraînée dans de folles aventures –car le fameux Antoine est furieux d'avoir été victime d'une erreur judiciaire…
"J’avais depuis longtemps en tête un personnage d’innocent, à la Hitchcock, qui décide, à sa sortie de prison, de commettre le délit pour lequel il a été condamné à tort", explique le réalisateur Pierre Salvadori, 53 ans, sous-estimé dans le petit monde du cinéma français depuis des années.
Son film est un mélange d'œuvre très personnelle et de film grand public, comme le sont la plupart de ses précédentes comédies, parfois acides et souvent décalées, toujours agrémentées d'un soupçon de poésie et de second degré: de Cible émouvante (1993) à Dans la cour (2014) en passant par Les apprentis, Hors de prix ou De vrais mensonges.
Ce En liberté!, encensé par la critique lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes (voir ici l'ensemble des critiques à l'époque, sur le site de Quinzaine), est peut-être son meilleur film. Dès la scène d'ouverture (qu'on ne spoilera pas), on savoure le mélange des genres qui rend très vite le film hilarant.
Il y a du burlesque (une descente de police dans une soirée sado-maso), de l'absurde (un tueur psychopathe qui traverse le film en trimbalant les restes de sa tante dans des sacs plastiques), de la poésie (les retrouvailles entre Pio Marmaï et Audrey Tautou) et bien sûr du suspense (comment tout cela va-t-il finir?).
Vérités et mensonges, rebondissements policiers ou amoureux, gags percutants et scènes intimistes, dialogues drôles et réflexions sérieuses: tout s'entremêle dans une belle mécanique de précision, qui fait mouche. "On pense souvent que je suis obsédé par le mensonge, le masque, mais plus simplement c’est un des ressorts de la comédie et c’est aussi un ressort de la vie. Ce qui m’intéresse ce sont les situations que cela amène", dit le réalisateur, fan du maître américain de la comédie Blake Edwards.
Et bien sûr ce ne serait pas si réussi sans la belle brochette d'acteurs embarqués dans ce thriller loufoque: les trois acteurs principaux, qu'on a peu l'habitude de voir dans des comédies et qui ici s'y trouvent comme des poissons dans l'eau –Adèle Haenel (120 battements par minute), Pio Marmaï (Vendeur) et Damien Bonnard (Rester vertical)–, avec à leurs côtés, dans des seconds rôles eux aussi savoureux, Vincent Elbaz et Audrey Tautou.
Lire les critiques:
> 120 battements par minute: Act Up Story (VIDEO)
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