Le Bac se termine pour les candidats, pas pour les correcteurs
Les épreuves écrites du baccalauréat 2016 se sont achevées ce mercredi 22, une session sans gros couac apparent mais dont certains sujets, l'anglais et le français notamment, ont déchaîné les passions sur les réseaux sociaux.
Quelque 2.900 sujets avaient été préparés pour les différentes filières: ceux sur lesquels les candidats ont effectivement planché mais aussi ceux de secours qui peuvent remplacer, sans que les élèves le sachent, le sujet prévu en cas de problème (énoncé égaré par exemple).
Ils ont tous été testés par des professeurs lors des derniers mois. Mais une erreur n'a pas été détectée dans l'épreuve de spécialité de mathématiques du baccalauréat scientifique (S). Une fraction portait un + au lieu d'un - dans une question.
L'erreur a été notifiée aux candidats par les surveillants après deux heures d'épreuve. Avant la correction, les professeurs s'appuieront sur "un paquet de copies étalon pour ajuster les barèmes des exercices", comme c'est le cas chaque année pour les matières telles que les maths et la physique-chimie, a expliqué le ministère de l'Education nationale.
Sur les réseaux sociaux, ce sont les sujets de français passés par les élèves de première et d'anglais des bacs généraux (littéraire, économique et social, scientifique) qui ont causé le plus d'émoi.
Presqu'un siècle après sa mort, le prix Nobel de littérature Anatole France, auteur d'un Eloge funèbre d'Emile Zola donné à commenter en français, s'est trouvé bien involontairement la cible de quolibets de nombreux lycéens de 2016... qui n'avaient jamais entendu son nom -bien qu'il soit au programme du corpus à étudier.
Le sujet d'anglais, lui, a été jugé trop difficile. Deux pétitions simultanées ont été lancées sur la plateforme change.org, l'une réclamant l'annulation du premier texte, un extrait de The Museum of extraordinary things d'Alice Hoffman (2014), et l'autre le retrait de certaines questions ou une révision du barème.
"Tous les élèves n'ont pas fait des sujets linguistiques pour répondre à des questions aussi pointues", plaide Sylvie Gatto, signataire. En cause, un vocabulaire jugé trop complexe. Il fallait aussi comprendre que l'action se déroule à New York, puisque l'auteur évoque Manhattan et le fleuve Hudson, mais ces notions géographiques ne constituent pas le cœur des récriminations des signataires.
Chaque pétition a recueilli quelque 15.000 signatures cinq jours après son lancement. Des signatures accompagnées de plaintes, mais aussi de railleries envers ce type d'initiatives. "Vous avez finit (sic) de chialer deux secondes? C'est une épreuve de bac, pas une interro de début de cours", soupire "DM".
D'autres pétitions réclament "une harmonisation" -à savoir un relèvement- des notes de l'épreuve physique-chimie du bac S passée dans les centres étrangers ou un nouveau sujet de maths pour les bacs technologiques STMG.
Ces pétitions n'ont aucune influence sur les correcteurs, assure-t-on ministère. Les réseaux sociaux sont des défouloirs et les jeunes n'ont sans doute pas beaucoup d'espoirs sur le succès des pétitions, estime Olivier Galland, sociologue de la jeunesse au CNRS: elles sont le reflet d'une tendance plus large à l'individualisation et une réticence à accepter une norme commune -un examen qui est le même pour tous dans le cas du bac.
Les quelque 700.000 candidats rangent leurs stylos mais des dizaines de milliers de correcteurs mettent les bouchées doubles pour évaluer les quatre millions de copies produites lors de cette semaine d'examen. Tout doit être corrigé d'ici le 5 juillet, jour de publication des résultats, avant d'éventuels oraux de rattrapage.
Le taux de réussite dépasse les 80% depuis quelques années. Trop facile, le bac? Encore fallait-il pouvoir répondre à "Savons-nous toujours ce que nous désirons?" (sujet philo en ES), "Shanghai, une ville mondiale" (sujet géographie en STMG) ou encore "La gouvernance européenne depuis le traité de Maastricht" (sujet histoire en S).
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