SNCF : la grève reconduite à trois jours de l'Euro
À trois jours du début de l'Euro de football, les grévistes de la SNCF ont voté la reconduction du mouvement pour mercredi malgré un projet d'accord sur le temps de travail qui laissait espérer la fin de trois mois de fronde sociale contre la loi Travail. La grève a été reconduite par toutes les assemblées générales de cheminots, selon SUD-rail (3e syndicat) et FO-cheminots (non représentatif), qui, insatisfaits du projet d'accord sur la table, ont appelé à "poursuivre" le mouvement entamé il y a une semaine, à la fois pour défendre le régime des cheminots et exiger le retrait de la loi El Khomri. En revanche, la CGT-cheminots, première force syndicale, n'a pas donné de mot d'ordre, disant s'en remettre aux assemblées générales.
Le gouvernement et François Hollande ont encore fait monter la pression d'un cran mardi. En visite dans le Pas-de-Calais, le chef de l'État a déclaré à La Voix du Nord: "il y a un moment où, selon une formule célèbre, il faut savoir arrêter une grève". Certes, mais "il faut savoir arrêter une grève… quand on a obtenu satisfaction", a rétorqué la centrale CGT, reprenant en entier la célèbre phrase du communiste Maurice Thorez. M. Hollande a ensuite ironisé sur les "esprits tourmentés ou inquiets", estimant qu'il faisait ce qu'il pouvait pour essayer de "les apaiser". De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a appelé les syndicats de la SNCF à signer "un bon accord pour l'entreprise et pour la branche", jugeant réunies "toutes les raisons" pour que cesse ce mouvement "incompréhensible". Le ministre des Finances Michel Sapin a appelé la CGT à la "responsabilité".
André Chassaigne (Front de gauche) a jugé que "ce n'était pas aux politiques ni à l'opinion publique de décider de l'arrêt d'une grève". La CFDT-cheminots a annoncé sans surprise qu'elle signerait le projet d'accord sur l'organisation du travail à la SNCF, ainsi que la convention collective du secteur ferroviaire. L'Unsa-ferroviaire (2e syndicat), qui avait salué des "avancées" ces derniers jours, se prononcera mercredi. La validation de l'accord d'entreprise repose principalement sur les épaules de la CGT-cheminots, qui peut s'associer à SUD pour bloquer son application.
L'ultime réunion de négociation a duré 19 heures et s'est achevée dans la nuit de lundi à mardi. Le projet, ouvert à la signature jusqu'au 14 juin, consacre globalement le maintien des règles internes actuelles (RTT, repos), voire les améliore (travail de nuit). Il prévoit aussi la possibilité, pour les seuls syndicats signataires, de négocier des accords dérogatoires pour répondre à des spécificités locales ou sectorielles, un "chantage" à la signature pour SUD, une disposition "dangereuse" pour la CGT.
Pour la septième journée consécutive, le trafic restait perturbé mardi avec en moyenne quatre Intercités sur dix, un Transilien et RER sur deux, deux TGV sur trois et six TER sur dix, selon les prévisions de la SNCF, qui évaluait à 8,5% le nombre de grévistes tous métiers confondus (plus de 50% chez les conducteurs). Au niveau de la branche, les syndicats ont jusqu'à mercredi soir pour signer le projet de première convention collective commune aux salariés du rail, privé ou public, négocié en vue de l'ouverture élargie à la concurrence. À ce niveau aussi, la CGT et SUD sont en mesure, avec FO, de s'opposer.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a mis en garde contre "un démembrement du service public du rail" en accusant l'Union européenne d'imposer la "libéralisation forcée" du secteur. Pour le gouvernement qui a l'espoir de voir s'éteindre la grève à la SNCF, une autre menace se profile dans les transports. Les pilotes d'Air France ont déposé des préavis à partir de samedi matin et jusqu'au mardi suivant, pour des motifs liés aux efforts de productivité demandés par la compagnie. Une nouvelle rencontre syndicats/direction est prévue mardi après-midi.
Les opposants à la loi Travail appellent toujours à "renforcer la mobilisation" avec, en ligne de mire, la manifestation nationale du 14 juin à Paris. Des centaines d'entre eux ont ainsi bloqué la zone industrielle du Havre mardi, tandis que d'autres militants empêchaient l'accès au terminal 2F de Roissy-Charles-de-Gaulle.
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