Victoire de Trump : les enseignants français répondent aux peurs de leurs élèves

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 novembre 2016 - 18:40
Image
A l'approche du bac il faut connaitre les bonnes méthodes pour se préparer correctement.
Crédits
©Wikimédia Commons
Au lendemain de l'élection de Donald Trump, les jeunes se posent de nombreuses questions.
©Wikimédia Commons
Suite à l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, de nombreux professeurs français pris de court ont du faire face aux questions mêlées d'inquiétude de leurs élèves.

Donald Trump va-t-il "virer" les Mexicains et les musulmans des Etats-Unis ? Est-ce que ça va être "la Troisième Guerre mondiale"? Après l'élection surprise du milliardaire à la présidence des Etats-Unis, des professeurs français répondent aux interrogations voire aux "peurs" de leurs élèves.

Mercredi 9, jour du résultat du scrutin, "je n'avais rien préparé vu la fraîcheur de l'information", raconte Brigitte Fossé, professeur d'histoire-géographie dans le Val-de-Marne. Constatant "l'anxiété" de ses élèves de 5ème, elle décide "d'y consacrer une bonne partie" du cours d'enseignement moral et civique (EMC). "Rappel du mode d'élection, information sur un Etat fédéral où les décisions n'appartiennent pas toutes au président, séparation des pouvoirs, j'ai tout convoqué pour les rassurer", explique-t-elle. Elle les a "laissés beaucoup s'exprimer" et leur a conseillé d'éviter "les chaînes d'information en continu", qui "risquent de développer leur anxiété". Dans la cour du lycée Pasteur à Strasbourg, "les élèves ne parlaient que de ça", selon Elisabeth Jacquet, professeur d'histoire-géographie, qui a répondu à leurs questions en classe et leur a exposé le système électoral américain.

Ses Secondes, pour deux tiers issus de l'immigration, ont une "très mauvaise image" de Donald Trump. "Ils avaient tous entendu parler de sa politique anti-immigrés", du projet de "mur avec le Mexique" ou de déclarations disant qu'il n'autoriserait plus les musulmans à entrer aux Etats-Unis. "C'est ça qui les touche beaucoup", dit-elle. "Ils ont fait le lien avec le Front national en France", estimant que "ça ressemble beaucoup au programme de Marine Le Pen".

A Saint-Ouen, "un élève qui fait souvent un peu de provocation gentille est arrivé en criant +Trump!+", raconte Sophie Mazet, professeur d'anglais, qui décide de "faire une pause" et répondre aux questions. Ses Terminales étaient d'autant plus intéressées qu'une partie d'entre eux voteront en 2017. Paradoxalement, cette élection va être intéressante, car "Trump est très conspirationniste", souligne l'enseignante, connue pour ses cours "d'auto-défense intellectuelle".

Les élèves de Première technologique de Renaud Paput, près de Lille, "s'attendaient à ce qu'on en parle, pas pour esquiver un cours", mais pour exprimer des "peurs". Ce prof d'histoire et géo qui "aime rebondir sur l'actualité" avait préparé le terrain en leur expliquant le système électoral américain avant les vacances. Leur première interrogation: "est-ce qu'on va vers une Troisième Guerre mondiale?". L'enseignant a notamment souligné "la différence entre ce qu'on dit dans une élection et ce qu'on fait". Il a relié son intervention à des éléments du programme, comme le droit de vote.

Les historiens ne sont pas "Madame Soleil, nous ne pouvons pas prédire l'avenir", a dit Patrice Arnaud, professeur en lycée. Répondre aux questions permet de montrer "l'utilité de nos matières pour appréhender plus sereinement l'actualité, sans en rajouter sur leurs peurs, mais en dédramatisant", dans "le strict respect de notre neutralité", juge-t-il. "On est des +profs d'actualité+, on est souvent sollicités pour réagir aux questions des élèves", indique Amélie Hart-Hutasse, co-responsable histoire-géographie au Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Elle pense dire à ses élèves "qu'il y a des gens qui votent pour des raisons locales, qu'il y a des choses à comprendre sur les Etats-Unis dont on ne leur parle jamais". Car dans les programmes scolaires, les Etats-Unis sont analysés "en tant que puissance internationale. On étudie peu l'histoire intérieure, les aspects sociaux". Comme "beaucoup d'enseignants", elle constitue sur internet des dossiers auxquels les élèves peuvent se référer. Philippe Watrelot, professeur de sciences économiques et sociales à Savigny-sur-Orge et ancien président des Cahiers pédagogiques, va lui probablement puiser dans son expérience d'enseignement à New York pour parler avec ses élèves, qui tantôt expriment de l'admiration pour la réussite matérielle de Trump, tantôt lui reprochent de jouer sur les peurs.

 

À LIRE AUSSI

Image
François Hollande.
Donald Trump : François Hollande appelle les Européens à être "clairs et lucides"
Après l'élection de Donald Trump, François Hollande a appelé ce jeudi 10 les Européens à être "clairs et lucides" sur les questions de sécurité, économiques ou climati...
10 novembre 2016 - 14:46
Politique
Image
Fillon-Politique-LR
Pour François Fillon, il faudra juger Donald Trump "sur ses actes"
L'ancien Premier ministre, François Fillon, a appelé à juger Donald Trump "sur ses actes" et a demandé à ceux qui le qualifie de "populiste" à retrouver leur "calme". ...
10 novembre 2016 - 14:09
Politique
Image
Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine, le 9 novembre 2016.
Victoire de Trump : le Canada s'inquiète pour son accord de libre-échange
La victoire de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis inquiète vivement le Canada, lié depuis près de trente ans par un accord de libre-échange avec son voisin. C...
10 novembre 2016 - 13:07
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.