Alors que s'ouvre l'Euro de football, la semaine sociale s'annonce chargée pour le gouvernement
Coincé entre opposition à la loi Travail et des revendications plus catégorielles, l'exécutif a multiplié les gages, au cas par cas, mais refuse de plier sur le texte de la ministre du Travail Myriam El Khomri. En face, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL appelle à "renforcer la mobilisation" avec, en ligne de mire, la manifestation nationale du 14 juin à Paris.
La CGT-Cheminots et SUD-Rail ne disent pas autre chose à la veille de l'ultime table ronde consacrée au nouvel accord sur l'organisation du temps de travail à la SNCF. Lancée mercredi, la grève, qui perturbait encore fortement le trafic ferroviaire pendant le week-end, a été reconduite jusqu'à lundi, malgré l'appel du patron de l'entreprise, Guillaume Pepy, à la "solidarité" avec les Français souffrant des conséquences des intempéries.
Samedi 4, Manuel Valls a aussi invoqué la "solidarité" pour appeler les cheminots à "arrêter ce mouvement le plus vite possible". Une grève que le Premier ministre a jugée "totalement incompréhensible" dans le contexte des inondations. Pour les deux syndicats, l'accord d'entreprise qui doit être proposé lundi n'est "pas au niveau". L'Etat a pourtant manoeuvré le week-end dernier pour désamorcer la crise, quitte à contrarier les objectifs de Guillaume Pepy.
Un pari en partie réussi: la CFDT a levé son préavis, se félicitant d'un texte "encore plus favorable que celui existant", puis l'Unsa a suspendu le sien quelques jours plus tard. Mais pour la CGT et SUD, les dispositions actuelles ne sont pas préservées pour les cheminots.
Les deux organisations réclament aussi la réouverture des négociations au niveau de la branche pour obtenir une première convention collective commune à toutes les entreprises du rail (fret/voyageurs, privé/public), plus ambitieuse que celle soumise à signature jusqu'au 8 juin. Elles ont déploré samedi le refus du gouvernement de peser en ce sens. A ces revendications s'ajoute leur opposition à la loi travail.
Décidée à obtenir le retrait d'un texte porteur de "régressions sociales", l'intersyndicale appelle à poursuivre la mobilisation cette semaine "dans les secteurs professionnels et sur tout le territoire". Elle accuse le gouvernement d'être "responsable de la situation de blocage", "par son silence et son mépris". Et, avec la perspective de la manifestation nationale le 14 juin à Paris, à laquelle plusieurs organisations de taxis appellent à participer, les mouvements "s'étendent", dit-elle.
Après le pétrole, les ports et docks, l'énergie, ils ont gagné la semaine dernière le secteur des déchets, avec le blocage depuis lundi du plus gros centre de traitement et incinérateur d'Ile-de-France, celui d'Ivry-Paris 13, et d'autres actions en régions.
Côté pétrole, si l'approvisionnement des stations-service en carburant s'est amélioré, plusieurs raffineries restent à l'arrêt. Total a annoncé vendredi vouloir lancer le processus de redémarrage à Grandpuits (Seine-et-Marne) et Donges (Loire-Atlantique) après des votes de salariés, mais le processus prendra quelques jours.
Quant au secteur de l'énergie, ses salariés sont appelés à une nouvelle journée de grève et d'"intervention sur l'outil de travail" jeudi. La semaine dernière, leur action s'était traduite notamment par une coupure d'électricité géante dans la région de Saint-Nazaire.
Enfin, dans les transports parisiens, SUD devrait rejoindre vendredi la grève illimitée à la RATP lancée par la CGT jeudi dernier. Un mouvement qui pour l'instant ne perturbe que légèrement le tronçon Sud du RER B, selon la régie des transports. Mais une nouvelle menace s'est ajoutée à cette liste: celle d'une grève dans les airs, malgré le déminage par le gouvernement d'un conflit des contrôleurs aériens.
Tous les syndicats de pilotes d'Air France appellent à la grève du 11 au 14 juin inclus pour défendre l'emploi et protester contre une modification de règles de rémunération. Un mouvement jugé là encore "incompréhensible" et "assez irresponsable" par le secrétaire d'Etat Alain Vidalies. Des négociations avec la direction débutent lundi.
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