SNCF : malgré l'appel de Guillaume Pépy, la poursuite de la grève est votée
La poursuite de la grève à la SNCF a été votée vendredi 3 par toutes les assemblées générales, malgré l'appel de son patron Guillaume Pepy à suspendre le mouvement "par solidarité" avec les victimes des intempéries, en attendant l'ultime réunion de négociation sur le travail des cheminots lundi.
Conséquence, le trafic sera encore significativement perturbé ce week-end avec, en moyenne, un tiers des Transiliens et des Intercités (aucun la nuit) assurés, et la moitié des TGV et des TER en circulation, selon les prévisions communiquées vendredi par l'entreprise ferroviaire. La CGT-Cheminots et SUD-Rail maintiennent leur grève, ont indiqué les deux syndicats à l'AFP, SUD appelant même à un "durcissement de la mobilisation".
Les deux syndicats ont ainsi opposé une fin de non-recevoir au président de l'entreprise Guillaume Pepy, qui a souhaité la suspension de la grève, entamée mercredi. "Avec ce qui se passe (les intempéries, ndlr), on a besoin en ce moment à la SNCF de tout le monde". "Et la solidarité, ça veut dire concrètement suspendre la grève", a-t-il affirmé.
Mais les assemblées générales ont toutes reconduit le mouvement, la plupart jusqu'à lundi, a précisé un porte-parole de SUD-rail. Au troisième jour de cette grève reconductible, le trafic était encore fortement perturbé vendredi, comme les deux jours précédents.
Le taux de grévistes, tous personnels confondus, a pourtant chuté de 5 points, à 10,5%, par rapport à jeudi, selon la SNCF, seuls les syndicats mobilisés contre la loi travail - CGT, SUD et FO (non représentatif) - poursuivant désormais le mouvement. L'entreprise n'a pas communiqué la proportion de conducteurs mobilisés, traditionnellement forte.
L'Unsa, satisfaite des "éclaircissements" apportés sur le projet d'accord sur le temps de travail, a "suspendu" le mouvement jeudi. La CFDT avait levé dès lundi son préavis, à l'issue d'un week-end de tractations avec le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies.
Pour le gouvernement, qui fait face à des blocages dans les raffineries depuis quinze jours et maintenant dans les centres de traitement des déchets, le temps presse, à sept jours de l'Euro de football. Le Premier ministre Manuel Valls a jugé la poursuite de la grève "pas compréhensible", en estimant qu'"à la SNCF et dans le transport ferroviaire", les projets d'accord sur la table garantissent "un haut niveau de protection des salariés". Il a également annoncé pour "très bientôt" des "décisions sur la trajectoire financière" de la SNCF.
Même ton chez Alain Vidalies: "il est temps d'enregistrer les avancées et de reprendre le travail", a-t-il dit. La CGT était reçue en fin de journée au secrétariat d'Etat aux Transports, SUD-Rail devait suivre.
La SNCF discute depuis fin mars avec les syndicats une nouvelle organisation du temps de travail, le précédent accord devenant caduc au 1er juillet. Parallèlement, le sujet a donné lieu ces derniers mois à des négociations au niveau de la branche pour bâtir une première convention collective commune à toutes les entreprises du rail (fret/voyageurs, privé/public).
Pour désamorcer le conflit, Alain Vidalies a forcé Guillaume Pepy à renoncer à assouplir la règlementation actuelle, notamment sur l'encadrement des repos des cheminots. Une reprise en main des discussions par l'Etat qui a alimenté des rumeurs de démission du patron de la SNCF. "Je suis à mon poste avec les équipes, et à fond sur les conséquences des inondations", a-t-il simplement réagi vendredi.
Pour la CGT-Cheminots, première force syndicale, l'actuel texte ne préserve "absolument pas" les dispositions en vigueur à la SNCF. Elle demande aussi la réouverture des discussions au niveau de la branche, officiellement closes.
Sur les autres fronts de la fronde sociale, trois des quatre principaux centres de traitement des déchets de la région parisienne restaient bloqués par des grévistes. Le traitement et le ramassage des ordures est également entravé à Saint-Étienne et Nantes.
Quant au secteur du pétrole, les raffineries Total de Feyzin et Normandie restent complètement à l'arrêt, comme celles de Donges (Loire-Atlantique) et Grandpuits (Seine-et-Marne) que la direction espère toutefois redémarrer.
A Grandpuits, une majorité de salariés s'est prononcée vendredi en assemblée générale pour la reprise du travail. A Donges, si une majorité du personnel a fait de même lors d'une consultation organisée par la direction, la grève a été reconduite en AG vendredi, selon la CGT.
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