Attentat en Isère : la France à nouveau secouée par le terrorisme (SYNTHÈSE)

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Jean-Michel Comte
Publié le 26 juin 2015 - 20:41
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Saint Quentin Fallavier Usine Gendarmes
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©Emmanuel Foudrot/Reuters
C'est dans une usine de l'Isère qu'un nouvel attentat a frappé la France ce vendredi 26 juin.
©Emmanuel Foudrot/Reuters
Un homme décapité, une explosion dans une usine de gaz industriel: la France a connu ce vendredi 26 juin, à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), un nouvel attentat semble-t-il motivé par le radicalisme islamiste. Son auteur, connu des services de renseignement, a été arrêté et, depuis, garde le silence devant les enquêteurs.

Après les frères Kouachi et Amedy Coulibaly en janvier, après Sid Ahmed Ghlam en avril, la menace terroriste continue de peser sur la France, secouée ce vendredi 26 par un nouvel attentat inspiré apparemment par un extrémiste islamiste.

Un homme, identifié par les autorités comme Yassin Salhi, connu des services de renseignement pour son activisme religieux, a foncé vendredi matin, vers 10h, au volant d'une camionnette, dans une usine de gaz industriel de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Lyon.

Le véhicule a foncé sur des bonbonnes de gaz, ce qui a provoqué une petite explosion qui a blessé légèrement deux personnes et déclenché un début d'incendie. L'homme est ensuite descendu de la camionnette et s'apprêtait sans doute à faire exploser d'autres bonbonnes quand il a été maîtrisé par un pompier, bientôt aidé par les forces de l'ordre. Le suspect a ensuite été emmené par les enquêteurs, pour être interrogé.

Mais le plus horrible n'était pas l'explosion. Sur les grilles de l'usine, les enquêteurs ont retrouvé la tête décapitée d'un homme, dont le reste du corps gisait quelques mètres plus loin. Des inscriptions en arabe étaient inscrites sur la tête, et des drapeaux semble-t-il en rapport avec l'Etat islamiste se trouvaient à côté.

La victime, âgée d'une cinquantaine d'années, a été identifiée quelques heures plus tard: il s'agit du patron de l'entreprise de transport pour laquelle travaillait le suspect. L'entreprise était sous-traitante de l'usine, et le suspect avait semble-t-il volé la camionnette de sa victime, qui avait une autorisation d'accès à cette usine. Il a apparemment pénétré dans l'usine avec son patron à bord du véhicule, avant de le décapiter sur place puis de foncer sur les bonbonnes de gaz.

L'usine en question appartient à la multinationale américaine Air Products, spécialisée dans la vente d'air liquide, c'est à dire de gaz industriel, et de produits chimiques. L'usine, par le risque de ses produits fabriqués et entreposés, est classée "Seveso" et aucune habitation n'est située dans son entourage immédiat.

Bien que ne possédant sur lui aucun papier d'identité et gardant le silence face aux policiers, l'auteur de l'attentat a vite été identifié. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu sur place rapidement, a donné quelques précisions sur lui. Il s'appelle Yassin Salhi, a 35 ans, habite dans la région, a un casier judiciaire vierge mais était connu des services de renseignement et signalé depuis 2006 par une fiche "S" (pour "Sûreté d'Etat"), en raison de son activisme religieux et de ses liens avec la mouvance salafiste –une fiche cependant non renouvelée en 2008, a précisé le ministre.

Selon RTL, il était décrit dans les premiers documents lors de sa surveillance, ainsi que deux de ses amis, comme un "musulman dur" avec des "absences régulières et pour des périodes longues estimées à 2 ou 3 mois sans qu'il soit possible de dire où il se rend".

Ce vendredi il a commis l'attentat seul, selon les premiers éléments de l'enquête, mais plusieurs personnes de son entourage ont été arrêtées et interrogées, dont sa femme (avec qui il a eu 3 enfants), et un homme suspecté d'avoir fait des repérages.

Dès l'annonce de cet attentat, les deux chefs de l'exécutif, qui se trouvaient à l'étranger, ont écourté leur voyage et regagné la France: le président François Hollande a quitté le Conseil européen de Bruxelles, pour présider dans l'après-midi un conseil restreint à l'Elysée; et son Premier ministre Manuel Valls a abrégé sa visite officielle en Amérique latine pour rentrer lui aussi en France.

A l'issue du conseil restreint, le chef de l'Etat a annoncé que le plan Vigipirate, en vigueur dans toute la France, allait être porté à son niveau maximum ("Alerte Attentat") en région Rhône-Alpes pendant les trois prochains jours, pour sécuriser les lieux publics et les sites industriels.

Il a également retrouvé les accents graves des attentats de janvier dernier pour appeler à l'union nationale et "à la responsabilité et au sang-froid de chacun". "Nous devons préserver notre unité, notre capacité à faire face comme nous l'avons fait au début du mois de janvier. Ce fut la force de la France et sa fierté", a-t-il dit, faisant aussi référence aux attentats qui ont fait plusieurs dizaines de morts, également ce vendredi et également attribués aux extrémistes islamiques, en Tunisie et au Koweït: "Il n'y a pas de lien à établir, si ce n'est que le terrorisme est notre ennemi, frappe partout".

Ce nouvel attentat en France a suscité de nombreuses réactions de la classe politique, entre indignation, solidarité et rappel que la menace terroriste est bien présente.

"Jamais la République ne cédera face à la barbarie terroriste. Par son message, sa mise en scène macabre et sanglante, le ou les auteurs de cet attentat ont déclaré la guerre non seulement à la République et à la démocratie, mais à la civilisation. Nous avons le devoir de nous défendre avec la plus grande détermination (…)", a déclaré le chef de l'opposition, Nicolas Sarkozy (Les Républicains), qui a demandé "solennellement au gouvernement de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cette attaque et de tirer impérativement toutes les leçons de ce nouvel attentat, en rehaussant notre niveau de vigilance."

De son côté, la présidente du Front national Marine Le Pen a estimé que "les grandes déclarations doivent maintenant cesser. Les marches, les slogans et la communication émotionnelle doivent enfin laisser la place à l'action".  Elle a estimé que "l'ensemble des étrangers suspectés de fondamentalisme islamiste doivent être au plus vite expulsés du territoire national" et exigé que soient mis "sous surveillance (...) l'ensemble des prêches dans les mosquées" de France.

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