Avec 38.400 inscrits supplémentaires, le chômage atteint un nouveau record en France
Le chômage est reparti à la hausse en France en février pour atteindre 3,59 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité, soit une augmentation de 1,1% en un mois, selon les chiffres du ministère du Travail publiés ce jeudi 24. Une douche froide pour le gouvernement après la nette baisse enregistrée le mois précédent.
Ironie du calendrier, ces chiffres tombent le jour de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi travail, une réforme que l'exécutif présente comme une réponse au chômage de masse.
En février, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a fortement augmenté, avec 38.400 nouveaux inscrits en métropole.
Cette hausse brutale efface largement une baisse importante d'inscrits enregistrée en janvier par Pôle emploi: 27.900 personnes de moins que fin décembre 2015. Mais les services statistiques avaient alors évoqué des événements "inhabituels et inexpliqués" qui rendaient l'interprétation de la baisse difficile.
Le bond enregistré en février, le plus fort depuis septembre 2013, s'explique "en grande partie" par l'entrée en catégorie A (sans aucune activité) de personnes "déjà inscrites à Pôle emploi mais qui exerçaient une activité (catégories B et C) les mois précédents", analyse la ministre de l'Emploi Myriam El Khomri dans un communiqué. Avec les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité, Pôle emploi recensait fin février 5,46 millions d'inscrits (+3.100) en métropole, et 5,77 millions en incluant l'outre-mer, soit une hausse sur trois mois de 0,3%.
La hausse est plus spectaculaire sur un an: 3,7% en métropole et 3,6% en France entière.
Par rapport à janvier, les chiffres sont mauvais aussi bien en ce qui concerne les jeunes de moins de 25 ans (+0,5% en catégorie A) que les seniors (+0,9%). Pour les chômeurs de longue durée, la hausse, petite activité comprise, est de +0,3% sur un mois mais surtout +8,5% sur un an.
Pour Mme El Khomri, ces mauvais chiffres obéissent à un "mouvement de hausses et de baisses observé depuis neuf mois, traduisant une reprise timide de l'activité économique".
Depuis juin 2012, le nombre de chômeurs de catégorie A a augmenté de 647.400 en métropole. Mais l'année 2015 avait donné des signes d'amélioration: le chômage a connu sa plus faible hausse depuis 2010, et l'économie a créé plus de 82.000 emplois marchands, après en avoir détruit pendant trois ans. Et malgré un climat mondial morose, la croissance française devrait retrouver du tonus en 2016, selon l'Insee, grâce à un rebond de la consommation, des investissements soutenus et des exportations dynamiques.
L'institut de la statistique table sur un taux de croissance de 0,4% au premier et au deuxième trimestre 2016, ce qui permettrait au chômage de passer sous la barre symbolique des 10% en métropole.
François Hollande l'a répété: l'inversion de la courbe du chômage, qu'il promettait avant fin 2013, déterminera sa candidature à un second mandat en 2017.
Le chef de l'État a décrété en début d'année "l'état d'urgence" contre le chômage en annonçant un vaste plan de formation pour 500.000 chômeurs supplémentaires et une nouvelle prime à l'embauche pour les TPE-PME. L'exécutif s'est également lancé dans une ultime réforme du droit du travail, avec un impact espéré sur l'emploi mais à plus long terme. Objectif: permettre aux entreprises de mieux s'adapter aux aléas de l'activité économique via des assouplissements accrus du temps de travail, et encourager l'embauche en CDI plutôt qu'en CDD.
Le projet est contesté par une partie des syndicats et des organisations de jeunes, qui le jugent trop favorable au patronat: ils étaient encore des milliers dans les rues ce jeudi à réclamer son retrait, avant une journée d'action à l'appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl prévue le 31 mars.
Mais il est aussi critiqué par le patronat lui-même, qui dénonce le retrait des mesures en faveur de l'emploi dans TPE-PME, comme le plafonnement des indemnités prud'homales. Et dans la perspective du débat parlementaire prévu en avril et mai, certains syndicats craignent que le Medef ne se serve des négociations en cours sur l'assurance chômage comme "monnaie d'échange dans la loi travail".
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