Brexit : Emmanuel Macron intervient dans le débat
Le ministre français de l’Economie Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la Manche en suggérant qu'en cas de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la France ne retiendrait plus à Calais les migrants qui veulent gagner la Grande-Bretagne. "Le jour où cette relation sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais", a indiqué Emmanuel Macron au quotidien financier britannique Financial Times paru ce jeudi 3.
Il semble ainsi donner un coup de pouce au Premier ministre britannique David Cameron, en reprenant un argument que celui-ci avait utilisé début février. "Certains hommes politiques français dans l'opposition rêvent de déchirer notre excellent accord qui stipule que notre frontière est de leur côté de la Manche", avait souligné David Cameron, mettant en garde contre une arrivée massive de migrants dans le Kent, province rurale et verger de l'Angleterre.
David Cameron a organisé un référendum sur l'appartenance de son pays à l'Union européenne, prévu le 23 juin prochain, et il est entré en campagne pour convaincre ses compatriotes d'éviter un Brexit (British Exit), arguant des réformes qu'il a obtenues de ses pairs européens. Pour juguler l'immigration clandestine vers le Royaume-Uni, Londres et Paris ont conclu en 2003 le Traité du Touquet qui a conduit à la mise en place de bureaux de contrôle frontalier communs dans les ports de la Manche et de la mer du Nord.
La déclaration de Emmanuel Macron a été accueillie avec flegme, voire scepticisme, par les partisans du Brexit. Pour le député conservateur Bernard Jenkin, membre de la campagne "Vote Leave", ces remarques contredisent la position officielle du gouvernement français: "Nous avons affaire à de la propagande venant d'autres gouvernements européens à la demande du Premier ministre pour effrayer les gens et les dissuader de voter pour une sortie" de l'UE, a-t-il assuré sur la BBC.
Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait rejeté début février l'idée de dénoncer le traité du Touquet, estimant que cela reviendrait à "envoyer le signal aux passeurs qu'ils sont légitimes à mettre tous les migrants à la frontière pour qu'ils passent" et dans ce cas "demain il n'y en aura plus 6.000 mais 20.000", avait-il averti.
Pour la campagne Leave EU, le traité du Touquet "est un traité bilatéral de gouvernement à gouvernement et n'a rien à voir avec notre appartenance à l'UE", a relevé son porte-parole Jack Montgomery. Rappelant la position de Bernard Cazeneuve, il a estimé que "rien n'a changé, à part le besoin de faire peur aux électeurs britanniques".
La crise des migrants de Calais est au coeur du sommet franco-britannique de ce jeudi à Amiens (nord). La partie britannique s'est engagée à accroître son aide financière d'une vingtaine de millions d'euros pour améliorer la sécurisation de la zone d'accès au tunnel sous la Manche et à la zone du port de Calais, a annoncé le secrétaire d’État français aux affaires européennes Harlem Désir, au moment où la France démantèle les camps de fortune des migrants installés dans la "jungle" de Calais.
Endiguer l'arrivée des réfugiés au Royaume-Uni est l'un des thèmes de la campagne en vue du référendum du 23 juin, les partisans d'un Brexit estimant que le pays doit reprendre le contrôle de ses frontières.
Les milieux d'affaires et financiers britanniques, dont le Financial Times est l'un des porte-voix, sont eux farouchement opposés à un Brexit. Les sondages peinent à donner une tendance, laissant entendre que le résultat sera serré.
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