Calais : volte-face, la maire Natacha Bouchart menace d'interrompre la construction du mur
Dans un communiqué, l'élue écrit que "n'ayant aucune réponse du gouvernement" sur sa demande de "non-démarrage de la construction", elle a fait établir jeudi "un constat d'infractions" au "code de l'environnement et de l'urbanisme" à l'encontre de l'entreprise ayant lancé les travaux. "Sans réponse sous huit jours, je signerai un arrêt interruptif de travaux", ajoute-t-elle dans son texte.
Cependant, Mme Bouchart a précisé à l'AFP que "la préfecture peut passer outre" cet arrêté et ne pas l'appliquer. La préfecture du Pas-de-Calais n'avait pas réagi à la mi-journée à cette initiative.
Le 24 juin, la maire de Calais soutenait encore l'édification de ce mur, sans invoquer d'obstacle sur le plan de l'urbanisme ou de l'environnement. "La zone nord de ce qu'on appelle +la Jungle+, à côté du camp humanitaire, ne devrait pas exister, déclarait-elle à l'AFP. D'ici là, il faut poursuivre le travail de protection de la rocade menant au port. Les autorités sont en train de préparer l’élévation d’un mur de 4 m sur 1 km. Si on ne poursuit pas, c’est nous Calaisiens qui en subissons les conséquences".
Elle avait même demandé que le mur soit "végétalisé" et soit aussi un mur anti-bruit à cause de la présence de riverains tout près de la rocade. Mais, depuis l'annonce le 2 septembre par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve d'un démantèlement rapide de la "Jungle" de Calais, où vivent entre 6.900 et 10.000 migrants selon les sources, Mme Bouchart estime que ce mur n'a "plus lieu d'être".
Financé par la Grande-Bretagne (2,7 M EUR), il vise à protéger la rocade des assauts répétés de migrants, qui tentent de monter à bord des camions en partance pour l'Angleterre.
Interrogée vendredi par l'AFP, la maire de Calais a précisé que le constat d'infraction avait été établi par un "ingénieur du service urbanisme" de la ville. Il s'appuie notamment sur deux points: le fait que le secteur où est construit ce mur soit "classé en zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager, devenu site classé remarquable", et qu'il se situe également en zone Seveso, en raison de la proximité de deux usines chimiques.
"Et quand on construit dans un tel périmètre, il y a des obligations, en termes de consultation ou d'études d'impact", affirme l'élue, qui estime de son "ressort" de prendre un arrêté. "Je veux marquer les choses, en utilisant les armes juridiques en ma possession. Et si besoin, nous irons au tribunal", a-t-elle ajouté, avant de lancer: "les Calaisiens en ont ras-le-bol de voir des barrières et des barbelés partout, on se sent complètement enfermé".
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