Droite attaquée, gauche cajolée : Hollande est bien en campagne pour 2017
La campagne pour la présidentielle 2017 est lancée. Pour François Hollande du moins. Face aux Français et aux journalistes pendant 90 minutes sur le plateau de l'émission Dialogues citoyens, jeudi 14 au soir sur France-2, le président si malmené par les sondages et contesté jusque par sa base électorale s'est montré offensif.
Combattif mais jamais agressif, c'est un François Hollande aux faux airs de 2012 qui a notamment martelé que la France va "mieux" -sans pour autant aller "bien", a-t-il concédé. Mais aussi, et surtout, a rappelé son "cap": "moderniser le pays tout en protégeant le modèle social".
Le président pas encore candidat, ou alors à la candidature, a ainsi mis plus qu'à l'accoutumée en avant son bilan social. Bourses étudiantes, garantie locative pour les jeunes, pouvoir d'achat des salariés au Smic, abaissement de l'âge de la retraite pour les carrières longues... Les mesures "de gauche" ont occupé l'essentiel de son message de jeudi soir. Comme pour mieux cajoler cette gauche qui lui tourne aujourd'hui largement le dos, déçue du manque de résultats d'un président qui, candidat, faisait de la finance "l'ennemi", promettait que les jeunes vivraient mieux en 2017 et s'engageait à inverser la courbe du chômage.
Le chômage justement, François Hollande a dit clairement, peut-être plus que jamais, vouloir le faire baisser, mais pas à n'importe quel prix. Le président veut ainsi des embauches en CDI pour permettre aux salariés de sortir de la précarité, pendant obligatoire selon lui à la sécurité promise aux entreprises avec le pacte de compétitivité. Ainsi qu'"éviter" les fermetures d'usines "sur la base de critères boursiers".
Et comme un candidat ne doit pas faire l'économie de piques à ses adversaires, le chef de l'Etat a également distillé quelques attaques. Pas à la gauche de la gauche, comme il a pu parfois le faire. Non, François Hollande a au contraire salué le mouvement Nuit Debout, louant au passage la "participation citoyenne". Mais bien au camp d'en face, à la droite et à l'extrême-droite.
La première est ainsi rendue en filigrane responsable de l'échec de la déchéance de nationalité. Ce "symbole fort" exigé par les circonstances dramatiques d'après 13 novembre, sacrifié selon lui sur l'autel de la stratégie "politicienne" par l'opposition. La seconde, surtout, a été qualifiée de "remède pire que le mal". Il faut ainsi "faire attention de ne pas prendre un médecin qui puisse tuer le patient ou le rendre inconscient", a-t-il ajouté.
Un chef de l'Etat, calme et raisonné, voilà le visage qu'a voulu montrer le président, sans pour autant séduire la presse. Un leader incontesté recadrant, aimablement, son Premier ministre sur le voile et assurant que ses troupes le suivent. Même le trublion Emmanuel Macron? Même lui, est "dans l’équipe et sous (son) autorité", a affirmé François Hollande. Puis de prévenir: "il sait ce qu'il me doit, (c'est) une question de loyauté personnelle et politique".
La feuille de route paraît claire: jouer la carte du clivage droite-gauche, rassembler son camp, convaincre les électeurs séduits par le FN et enfin reconquérir les déçus de quatre ans de hollandisme. Le tout en moins d'un an. Un chemin de croix.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.