Grogne des policiers : nouveaux appels à manifester malgré les gestes de Cazeneuve et Urvoas
Après deux nuits de manifestations et avant une "marche de la colère", le gouvernement s'efforçait ce mercredi 19 de répondre au ras-le-bol des policiers en recevant leurs syndicats, alors que la fronde vire à la polémique politique.
Le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé la "patte" du Front national dans les manifestations "hors la loi" de policiers. "Pas de +patte+ mais un soutien sans faille, face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police", a répliqué sur Twitter le vice-président du FN Florian Philippot.
A quelques mois de l'élection présidentielle, le gouvernement est ainsi sous le feu des critiques. Si le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a critiqué les "instrumentalisations", Alain Juppé et Bruno Le Maire, candidats à la primaire de droite, ont dit comprendre la colère des policiers.
C'est tout l'exécutif qui tente d'éteindre l'incendie. François Hollande a réaffirmé son "soutien" aux policiers, et appelé au "dialogue" avec leurs syndicats. Les syndicats, qui tentent de reprendre la main et de canaliser la colère de la base, sont reçus ce mercredi par Bernard Cazeneuve place Beauvau. Il souhaite "rassurer ceux qui sont inquiets et apporter le nécessaire apaisement", a-t-il dit à la sortie du Conseil des ministres.
Puis ce sera au tour du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas de les recevoir, à 19h. Deux syndicats de gardiens de la paix, Alliance (première organisation) et l'Unsa-Police, rejoints par Synergie (second syndicat d'officiers), avaient demandé ces réunions "en urgence".
La manifestation de centaines de policiers bravant leur devoir de réserve, dans la nuit de lundi à mardi à Paris, a pris de court les autorités. Si une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", est en cours, M. Cazeneuve a là aussi voulu rassurer: "Ce n'est pas pour entrer dans un cycle de sanctions, c'est pour rappeler des principes".
La grogne des policiers fait suite à une attaque au cocktail Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre, lors de laquelle un adjoint de sécurité de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement brûlée, a quitté l'hôpital mardi soir, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone.
"Les policiers veulent une réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes", a expliqué à l'AFP le secrétaire général d'Alliance, Jean-Claude Delage. Les policiers sur le terrain exigent des renforts, des moyens, se plaignent d'un surplus de gardes dites statiques ou de "mission indues" et réclament que la justice sanctionne sans faille les auteurs de violences.
Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, "une marche de la colère policière et citoyenne", le mercredi 26 octobre, encourageant la population à y participer.
Un nouvel appel à manifester mercredi soir place de la République à Paris, sans les syndicats, circulait dans l'après-midi. Des manifestations ont eu lieu à nouveau dans la nuit de mardi à mercredi, des policiers revenant notamment devant l'hôpital Saint-Louis à Paris où est hospitalisé leur collègue agressé à Viry-Châtillon.
M. Falcone, qui a rencontré mardi soir des policiers de l'Essonne à Évry, a dit comprendre "l'exaspération, les craintes et les angoisses" des agents, tout en déplorant que certains aient "utilisé des véhicules" et des "moyens" de la police "pendant leurs heures de service".
Le patron de la police, qui avait adressé mardi un ferme rappel à l'ordre à ses troupes, était reparti dans la soirée sous les huées de quelque 400 fonctionnaires venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions.
Le mouvement de protestation, parti de l'Essonne, commence à faire tache d'huile: une centaine de policiers se sont ainsi rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi sur le Vieux-Port à Marseille.
A Nice, 80 policiers, la plupart en tenue, se sont également rassemblés mardi place Masséna, comme tous les soirs depuis le 11 octobre, selon Célya Boumedien, secrétaire départemental SGP Unité Police.
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