Hollande annonce de nouvelles dépenses : comment boucler le budget 2017 ?

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 juin 2016 - 20:09
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François Hollande.
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Récemment, François Hollande a annoncé une nouvelle baisse d'impôt pour les ménages, si le contexte économique le permet.
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Chercheurs, enseignants, communes...depuis quelques jours, François Hollande multiplie les annonces pour calmer la grogne sociale qui agite le pays. Face à ces nouvelles dépenses promises, Bercy va devoir faire preuve d'imagination pour réussir à réaliser les 18,7 milliards d'économies exigées par l'Union européenne.

Jeunes, chercheurs, enseignants, collectivités locales... La liste des dépenses nouvelles et des dépenses catégorielles promises par le gouvernement s'allonge semaine après semaine. Un casse-tête en perspective pour Bercy, qui va devoir faire preuve d'imagination pour boucler son budget 2017. Exit la rigueur mise en oeuvre -- à défaut d'être revendiquée -- lors des premières années du quinquennat? François Hollande, englué dans une popularité au plus bas à moins d'un an de la présidentielle, a multiplié les annonces ces derniers jours, face à la grogne sociale qui agite le pays.

Critiqué par plusieurs personnalités du monde scientifique, le chef de l'État a d'abord renoncé aux annulations de crédits de 134 millions d'euros prévues en 2016 sur le budget des organismes de recherche, dans le cadre d'un décret d'avance validé par Bercy. Mardi 31, ce sont les revalorisations de salaires pour les enseignants, moins bien payés en France que dans le reste de l'OCDE, qui ont été détaillées. Bilan de cette hausse, échelonnée sur plusieurs années: 500 millions d'euros en 2017, puis un milliard en 2020. Le chef de l'Etat a enfin accédé à la demande des élus locaux, en annonçant jeudi 2 une diminution de deux à un milliard d'euros de la baisse des dotations de l'Etat aux communes en 2017, et la reconduction pour un an du fonds d'investissement d'urgence créé en 2016, porté à 1,2 milliard d'euros.

Ces concessions, qui s'ajoutent a une longue liste de mesures annoncées depuis le début de l'année (plan pour l'emploi, aides aux agriculteurs, garantie jeunes...) viennent alourdir la facture des nouvelles dépenses pour l'Etat. A charge pour Bercy de trouver les clés pour résoudre cette difficile équation budgétaire.

"Le président de la République, depuis le début de l'année, est très généreux avec nos impôts", a ainsi grincé vendredi Gilles Carrez, président (LR) de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, sur Europe 1. "Il faut que le gouvernement nous explique comment on va financer tout ça". Pour 2016, la hausse des dépenses devrait a priori être contenue. Début mai, le gouvernement les évaluait à quatre milliards d'euros, un chiffre à la portée des finances publiques. "Le déficit a été moins élevé que prévu en 2014 et 2015. Ca a donné des marges de manoeuvres", rappelle ainsi Raul Sampognaro, de l'OFCE. L'addition sera en revanche plus salée pour 2017, année où les mesures annoncées entreront pleinement en vigueur, à l'image de la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires. Selon Gilles Carrez, le coût global des nouvelles dépenses pourrait alors atteindre 8 à 10 milliards d'euros.

Le gouvernement, qui a promis à Bruxelles de ramener le déficit public sous la barre des 3% l'année prochaine, pourra-t-il tenir cet objectif? "C'est mal engagé", juge Alain Trannoy, directeur de recherche à l'EHESS, pour qui ces dépenses nouvelles sont "difficilement compatibles avec une réduction du déficit". "C'est faisable" mais "à condition que la reprise de la croissance se confirme", estime pour sa part Valérie Rabault, rapporteure PS du Budget à l'Assemblée nationale, qui rappelle qu'"un point de croissance en plus" rapporte "10 milliards de recettes supplémentaires".

Ce vendredi, l'UE a prévenu qu'elle ne ferait pas preuve de largesse, par la voix de son commissaire aux Affaires économiques Pierre Moscovici. "La France a pris des engagements. Elle doit les tenir", a-t-il martelé, jugeant qu'il n'y avait "pas d'autre alternative que d'être en dessous de 3% en 2017". Du côté du ministère des Finances, on assure depuis plusieurs semaines que les engagements seront tenus. "Toute nouvelle mesure est et sera intégralement financée par des mesures compensatoires", a répété Michel Sapin, ajoutant que le gouvernement ferait preuve de "sérieux".

Bercy, qui s'est déjà engagé à réaliser 18,7 milliards d'économies en 2017, dans le cadre de son plan d'économies de 50 milliards d'euros sur trois ans, va néanmoins avoir la tâche dure. D'autant que François Hollande a annoncé une nouvelle baisse d'impôt pour les ménages, si le contexte économique le permet. Selon les prévisions publiées ce vendredi par la Banque de France, la croissance ne devrait toutefois progresser que de façon marginale l'an prochain, à 1,5% du PIB, après "au moins" 1,4% cette année.

 

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