Jean-Marie Le Pen, exclu du FN, affronte le parti d'extrême droite au tribunal
A son arrivée au tribunal de grande instance de Nanterre, à l'ouest de Paris, M. Le Pen, appuyé sur une canne, a dit à la presse vouloir "la victoire", "celle de la justice". L'audience s'est ouverte vers 14H15. C'est la quatrième fois que Jean-Marie Le Pen, 88 ans, affronte au tribunal le parti qu'il a longtemps incarné.
Il avait été suspendu du FN en mai 2015, puis exclu le 20 août de la même année par le bureau exécutif, instance suprême du parti, après une série de provocations guère nouvelles sur le fond à propos de la Shoah et du maréchal Pétain, jugées pénalisantes pour la stratégie de "dédiabolisation" menée par sa fille.
A trois reprises déjà, la justice lui a donné raison face au Front national. D'abord en annulant sa suspension puis, à deux reprises, en suspendant le congrès par correspondance censé supprimer son statut de président d'honneur. Jean-Marie Le Pen demande cette fois au tribunal d'annuler son exclusion, "entachée d'irrégularités de forme et de fond" et ainsi d'ordonner sa "réintégration parmi les membres" du parti, selon l'assignation consultée par l'AFP.
En outre, lui qui s'estime président d'honneur "à vie" du FN, demande à la justice de dire "en tout état de cause" que son exclusion en tant que membre ne saurait le priver de ce titre et des prérogatives qui y sont attachées, et de lui permettre notamment de siéger à nouveau au sein des instances dirigeantes du parti.
Dénonçant "un grand nombre de voies de fait", il réclame enfin au Front national, qu'il a cofondé en 1972, deux millions d'euros en réparation d'un "très grave préjudice" porté à sa fonction de président d'honneur, mais aussi "à sa dignité, son honneur, sa notoriété et son action politique".
Dans l'attente de son hypothétique réintégration au FN, Jean-Marie Le Pen fait durer le suspense sur son éventuel soutien à sa fille et au parti qu'il a présidé pendant près de 40 ans pour la présidentielle et les législatives de 2017.
"Pour l'instant non", il ne soutiendra pas sa fille à la présidentielle, avait-il lâché mercredi dernier lors d'un dîner avec ses soutiens en Seine-et-Marne, même s'il pourrait s'y "résigner". "Je le dis et le redis à Marine, si vous ne faites pas l'unité du FN (…), vous perdrez la bataille politique. Cette défaite sera irrémédiable", avait aussi lancé le "Menhir". "Voyez ça comme une main tendue envers une autre main qui, pour l'instant, ne se tend pas", résume un proche. "Il essaie de fédérer un courant qui fera défaut à Marine Le Pen" s'il reste au ban du FN.
Mais si la justice annulait l'exclusion de M. Le Pen, la réintégration de celui-ci ne serait sans doute que théorique, prédit ce proche: "Jean-Marie Le Pen n'a pas grand chose à attendre du FN en termes de bonne volonté". De fait, du point de vue du Front national, le sort du vieux chef semble scellé. Le parti attend la décision de justice et, quoique décide le tribunal, entend faire en sorte "que la décision politique", exclure "Le Pen" du parti, soit "appliquée", selon un dirigeant. Le tribunal mettra sa décision en délibéré.
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