La loi Travail en Conseil des ministres, manifestations partout en France

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 mars 2016 - 15:33
Image
Manifestation jeunesse, Loi Travail
Crédits
©EricFeferberg/AFP
Des lycéens manifestent contre la loi Travail le 17 mars.
©EricFeferberg/AFP
La version modifiée de la réforme du code du travail a été présentée ce jeudi en Conseil des ministres. Dans le même temps, sept syndicats et organisations de jeunes manifestaient à Paris et en province pour réclamer le retrait de ce projet voulu par le gouvernement.

Le projet de loi modifiant le droit du travail a été présenté ce jeudi 24 mars  en Conseil des ministres, importante étape d'un parcours chahuté marquée par une nouvelle mobilisation de jeunes et de salariés contre un détricotage des droits des travailleurs. "C'est un nouvel élan pour la démocratie sociale", a déclaré la ministre du Travail, Myriam El Khomri à l'issue du Conseil des ministres. Elle a défendu un texte "équilibré, qui apporte à la fois de nouvelles souplesses aux entreprises et de nouvelles protections pour les salariés". Le Premier ministre Manuel Valls vante une réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", qui doit répondre au chômage de masse (3,5 millions de personnes sans emploi) "auquel notre pays s'est habitué depuis trop longtemps".

Mais l'opposition contre ce texte reste vive: sept syndicats et organisations de jeunes (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) manifestent à nouveau ce jeudi pour en réclamer son retrait, avant une grande mobilisation le 31 mars. Ils réclament l'abandon pur et simple d'un texte qui "continue à diminuer les droits des salarié-e-s et à accroître la précarité, notamment des jeunes". Une manifestation est partie à 12h30 de Montparnasse jusqu'aux Invalides à Paris contre "la casse du code du travail". D'autres manifestations étaient organisées en province (Besançon, Marseille...). Un appel similaire avait rassemblé entre 200.000 et 450.000 personnes dans l'Hexagone le 9 mars.

A Nantes, des incidents ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants cagoulés en fin de matinée lors d'un défilé rassemblant plusieurs milliers de personnes. Neuf personnes ont été interpellées. Dans la capitale, le principal bâtiment de Sciences Po était bloqué, comme plusieurs lycées, selon l'organisation lycéenne UNL. Des militants de la CGT se sont rendus dans les mairies du 18e arrondissement et du 13e, où sont élus respectivement Mme El Khomri et le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen. Ils ont demandé à être reçus, sans succès.

Le projet El Khomri de 52 articles "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes. Il met également en place le référendum en entreprise, fait évoluer les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique ou de la médecine du travail. Il réécrit intégralement la partie du code du travail relative au temps de travail, donnant plus de place à l'accord d'entreprise. Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement réécrite après la bronca politique, syndicale et de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié : grèves, manifestations, pétition record (un million de signatures en deux semaines), tribune incendiaire de Martine Aubry, réunions PS électriques ont jalonné son parcours.

Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur sans accord dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes. Ces modifications ont permis à l'exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les "réformistes" comptent sur son amélioration, notamment sur l'article portant sur les licenciements économiques, réécrit à la marge.

Et les frondeurs, qui promettent "une bataille parlementaire extrêmement ferme", viennent de présenter une "contre-réforme". Et pour compliquer la tâche de l'exécutif, si le patronat semblait acquis à la version initiale, il critique vertement la nouvelle : sept organisations, dont le Medef, la CGPME et la FNSEA, ont lancé mardi un "appel solennel" au Premier ministre afin que le texte "retrouve son objectif d'origine: créer de l'emploi". "Revenir à la version 1 du texte, comme le réclame le patronat, c'est juste impossible", a rétorqué ce jeudi le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, ajoutant que "si c'était le cas, la CFDT se mobiliserait". Le texte sera examiné en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à partir du 5 avril, puis dans l'hémicycle fin avril-début mai.

 

À LIRE AUSSI

Image
Emmanuel Macron, Manuel Valls et Myriam El Khomri.
Le projet de loi Travail passe ce jeudi en Conseil des ministres
Portée par Myriam El Khomri, le projet de loi Travail, qui est vraisemblablement la dernière réforme sociale du quinquennat, sera présenté ce jeudi en Conseil des mini...
24 mars 2016 - 08:39
Politique
Image
Un code du travail.
Loi Travail : les Français toujours majoritairement opposés au texte
A l'heure où le projet de loi Travail, portée par la ministre Myriam El Khomri, est présenté en Conseil des ministres, les Français restent majoritairement opposés au ...
24 mars 2016 - 09:55
Politique
Image
Les frondeurs présentent leur contre-projet pour "l'avenir du travail"
Les frondeurs du PS ne désarment pas contre le projet de loi Travail. Au texte "libéral", "brutal" et qui "n'a rien de moderne" du gouvernement, ils opposent leur vers...
23 mars 2016 - 21:36
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.