Législatives dans le Doubs : victoire du PS mais la percée du FN inquiète à gauche comme à droite

Certes, le Parti socialiste a gagné la législative partielle qui l'opposait au Front national dans le Doubs ce week-end, mais cette victoire laisse un goût amer à gauche comme à droite. Frédéric Barbier l'a emporté avec 51,43% des suffrages contre 48,57%, dans un scrutin qui avait valeur de test national. Le responsable socialiste, 54 ans, permet ainsi au PS de mettre un coup d'arrêt à une série noire de 13 échecs électoraux depuis le début du quinquennat de François Hollande.

Si dans les faits, certaines voix de droite se sont bien reportées sur le PS, l'UMP s'est refusée à donner des consignes de vote pour faire barrage au FN, lui préférant la politique du "ni-ni".

Une attitude qu'a fustigé le Premier ministre la jugeant particulièrement "irresponsable", estimant que le Front national "représente un véritable danger surtout quand en face, la digue n’est pas suffisamment solide pour contenir une formation politique qui n’épouse pas les valeurs de la République".

Une position que partage le premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui n'hésite pas à déclarer "qu'il y a le feu au lac pour tous ceux qui, comme moi, combattent le Front national".

Du côté du Front national, la défaite ressemble à s'y méprendre à une victoire. Réputé comme n'ayant pas le "réservoir" de voix qui lui permettrait de l'emporter dans un second tour, le parti de Marine Le Pen enregistre cette fois une spectaculaire progression entre les deux tours, avec 6.200 bulletins supplémentaires (14.641 au total), contre un peu plus de 8.000 pour Frédéric Barbier (15.504).

Doublé d'une participation en hausse (43,9%, neuf points de plus qu'au premier tour), ce résultat tord le cou aux préjugés voulant que le FN ne peut mobiliser d'un tour à l'autre et semble démontrer que le report d'une partie des voix de l'UMP lui est désormais acquis en cas de duel avec le PS.

Ce que Sophie Montel, candidate malheureuse du Front national, n'a pas manqué de souligner au journal Le Monde: "le Parti socialiste n'a pas à fanfaronner. Nous avons fait voler en éclat le tripartisme. Nous sommes dans un bipartisme avec la caste (l'UMP et le PS NDLR) d'un côté et le FN de l'autre".

Le score réalisé au premier tour par le candidat de l'UMP retentit comme un avertissement pour la droite républicaine. Le manque de cohérence au plus haut sommet de l'UMP, où plusieurs voix dont celles d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy ont demandé la création d'un "Front républicain" balayé d'un revers de la main par l'adoption de la politique du "ni-ni" choisit par le bureau politique du parti, a crée un trouble chez les électeurs de droite dont une partie a voté pour l'extrême-droite au second tour.

A six semaines des élections départementales où le risque pour l'UMP de situations analogues à celle du Doubs est réel, cela pose la question de la pérennité du choix du "ni-ni".