Les Républicains : la nouvelle UMP voulue par Nicolas Sarkozy est née
L'UMP est morte, vive Les Républicains. Dans une salle surchauffée, et bien que moins remplie qu'attendue (10 à 15.000 participants contre les 20.000 annoncés), de la porte de la Villette de Paris Nicolas Sarkozy a baptisé son bébé, LR écrivent déjà certains, sous les vivas des militants venus assister à ce congrès fondateur. Le tout sans réelle opposition de ses rivaux internes qui, d'Alain Juppé à François Fillon en passant par Bruno Le Maire, ont fait le choix de taire leurs réserves en ce jour de fête familiale.
Dans une salle austère et plutôt inadaptée à une manifestation de ce type, réduction des coûts oblige, "une page s'est tournée" dit par exemple Eric Ciotti. Revenu à la tête du parti depuis six mois seulement, Nicolas Sarkozy a réussi à imprimer le "renouveau" qu'il appelait de ses vœux depuis la campagne pour la présidence du parti. L'UMP devient Les Républicains grâce à l'approbation de 83% des adhérents (46% de participation). C'est bien, mais moins que pour les autres items soumis au vote des militants: les nouveaux statuts (96%) et le nouveau bureau politique (95%), a annoncé Nathalie Kosciusko-Morizet ce samedi.
Dès le matin, et sans pause déjeuner, une petite soixantaine d'orateurs se sont succédé à la tribune de ce congrès fondateur pour célébrer la naissance de leur nouveau mouvement. L'UMP nouvelle sera désormais "transparente" et donnant une large part à la voix militante. Grâce à cette nouvelle "machine remise en ordre de marche", dit Valérie Pécresse, "l'alternance est en marche".
Car c'est bien là l'objet de la naissance, ou plutôt renaissance, du parti. Tous les cadres LR vantent les victoires aux élections municipales et départementales et ciblent déjà les régionales et, bien sûr, l'élection présidentielle. "La France va mal et Les Républicains ont un devoir d'assistance à peuple en danger", résume Jean-Pierre Raffarin, l'un des derniers orateurs à prendre la parole et à marteler, comme presque tous avant lui, que "la France socialiste ça suffit". Le tout sous les applaudissements nourris d'une salle d'où fusent les huées à la moindre évocation de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem ou encore Christiane Taubira.
Mais avant la présidentielle de 2017, une autre étape, presque aussi cruciale, attend le parti: la primaire de 2016. "Nous resterons rassemblés derrière celui qui sera désigné", instille déjà Jean-Pierre Raffarin, comme s'il fallait rappeler l'importance de cette "
union " ("notre valeur première", dit-il) que tous les intervenants n'ont eu de cesse d'invoquer tout au long de ce samedi. C ar l'ombre de la compétition interne plane déjà au-dessus du berceau des Républicains.Face à une salle largement sarkozyste, ses rivaux Français Fillon et Alain Juppé ont ainsi été accueillis par des huées en arrivant à la tribune, même si les supporters du dernier ont réussi à couvrir les sifflets par leurs encouragements. Preuve en est en tout cas que la compétition est belle et bien lancée dans la tête des militants, mais aussi des candidats déclarés ou probables -même s'ils ont fait profil bas. Alain Juppé s'est ainsi dépeint en "alternative heureuse pour la France", tandis que François Fillon appelait à ne pas faire du nouveau mouvement "une caserne où les adhérents viendraient chercher les ordres". Nicolas Sarkozy lui-même a fait bien attention à se montrer rassembleur, tout en plaçant sur un pied d'égalité –et un cran en-dessous de lui– ses rivaux, les faisant même applaudir.
Valeurs, valeurs, valeurs, ont été les thèmes mis en avant par le désormais président des Républicains pour s'adresser à ses fans. Pendant 40 minutes il a ainsi dénoncé le communautarisme, la théorie du genre et la GPA, mais aussi l'assistanat et les réformes de la justice et de l'éducation. Mais il a aussi vanté "l'héritage de la civilisation chrétienne", le travail, l'autorité ou encore l'assimilation ("c'est à celui qui vient de s'adapter à notre mode de vie, pas à nous d'en changer", dit-il).
Pour clore cette journée où la plupart des orateurs ont célébré les valeurs de la droite, le premier d'entre eux a consacré la moitié de son temps de parole à dresser le procès de François Hollande. "La gauche ne défend pas la République, la gauche la caricature avec la théorie du genre, avec le +il est interdit d'interdire+, avec le nivellement, avec l'égalitarisme", a-t-il ainsi fustigé sous les acclamations de la salle. Son rival de 2012: il semble bien que ce soit là le seul adversaire qui occupe l'esprit de Nicolas Sarkozy, impatient d'en découdre à nouveau.
Par Pierre Plottu
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