Loi Travail : face à la colère de la rue, l'exécutif promet des amendements
Malgré la colère de la rue, le gouvernement exclut toujours de retirer son projet de loi travail, mais reste ouvert à des amendements parlementaires. Une position inacceptable pour les antis, qui prévoient déjà de nouveaux rendez-vous les 5 et 9 avril.
Jeudi 31 mars, entre 390.000 personnes, selon les autorités, et 1,2 million de personnes, selon les syndicats organisateurs, ont battu le pavé pour exiger le retrait du texte. Depuis la légalisation du mariage homosexuel, aucune réforme n'avait poussé autant de monde dans la rue.
"La mobilisation aujourd'hui est significative", admet-on dans l'entourage de François Hollande, "mais pas de nature à nous faire reculer". "Face à des manifestations, il faut toujours avoir la pédagogie nécessaire, l'explication et la volonté", ajoute-t-on de même source. Pour l'heure, la pédagogie -et surtout des concessions faites sur les points les plus sensibles du projet- a ramené dans le rang une partie de la majorité, qui menaçait de ne pas voter le texte.
Mais une semaine après la présentation du projet de loi en Conseil des ministres, "l'explication et la volonté" du gouvernement laissent insensibles les opposants les plus farouches. La mobilisation est incontestablement en hausse, après les 224.000 à 500.000 manifestants du 9 mars.
Confortée par le succès de son dernier appel, l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) a réaffirmé jeudi soir sa "détermination sans faille" à obtenir le "retrait" d'un projet de loi qui "organise une régression généralisée des droits".
Le projet de loi contient notamment des assouplissements en matière de temps de travail, une réforme des licenciements économiques, la possibilité d'organiser des référendums d'entreprises pour valider des accords minoritaires, la création du compte personnel d'activité (CPA) et une réforme de la médecine du travail.
Le bras de fer entre l'intersyndicale et le gouvernement promet de durer. "Si jamais il n'y a pas de réponse de ce gouvernement, aucune hésitation, on continuera cette mobilisation", a prévenu sur BFMTV William Martinet, président de l'Unef, principal syndicat étudiant. Les organisations de jeunesse appellent déjà à des manifestations dès mardi 5, alors que débutera l'examen en commission du projet de loi à l'Assemblée nationale. Les syndicats de salariés se mobiliseront en parallèle pour "interpeler les parlementaires".
Une nouvelle "grande journée d’action de grèves et de manifestations" est ensuite prévue samedi 9, à l'appel de l'intersyndicale au complet.
Mais pour l'exécutif, pas question de retirer sa réforme, ni de toucher à "l'équilibre du texte". Il promet néanmoins des évolutions lors du débat parlementaire. Le projet de loi sera débattu en première lecture en séance publique à partir du 3 mai. "Ce texte va évoluer", a ainsi promis jeudi le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen, chargé des relations avec le Parlement.
Plusieurs députés de la majorité comptent amender le texte, à commencer par le rapporteur Christophe Sirugue. Il souhaite notamment moduler les critères de licenciement économique selon la taille des entreprises, comme le demandent les représentants des TPE-PME.
La réforme introduit dans le code du travail des critères issus de la jurisprudence. Par exemple, à défaut d'accord collectif, quatre trimestres consécutifs de baisse du chiffre d'affaires pourraient justifier une rupture.
"Si, dans le débat parlementaire, il y a cette proposition de différencier le nombre de trimestres selon la taille de l'entreprise, moi, j'y suis favorable", a annoncé la ministre du Travail Myriam El Khomri, qui a promis "d'être à l'écoute de la représentation nationale".
Mais sa partition est d'autant plus compliquée que les manifestations contre sa réforme témoignent d'un fort rejet dans l'opinion. Selon un récent sondage, 58% des Français sont opposés au projet de loi.
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