Loi Travail : les opposants à nouveau dans la rue, la mobilisation en baisse
Les opposants à la loi Travail, salariés, étudiants et lycéens étaient à nouveau dans la rue ce samedi 9 mais la mobilisation s'annonçait en baisse par rapport au 31 mars pour cette première journée d'action organisée un week-end et pendant les vacances scolaires.
L'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) avait appelé à plus de 200 manifestations et rassemblements partout en France, disant s'attendre à une "mobilisation importante". Mais les premiers défilés organisés dans la matinée laissent penser que la participation sera loin d'égaler celle de la précédente journée unitaire, le 31 mars, qui avait rassemblé entre 390.000 et 1,2 million de manifestants.
A Rennes, où des heurts entre manifestants et forces de l'ordre se sont produits, la manifestation rassemblait à la mi-journée 1.700 personnes selon la préfecture contre 6.500 le 31 mars. En pleines vacances scolaires, elle mêlait retraités, salariés, familles avec enfants et jeunes portant des masques ou parfois cagoulés.
A Strasbourg, dans une ambiance festive, la manifestation a rassemblé 1.350 personnes selon la police, 3.000 selon les organisateurs. Le 31, ils étaient 5.000 selon la police et 8.000 selon les organisateurs. Beaucoup d'étudiants, de lycéens et de professeurs étaient absents pour cause de vacances scolaires, relevait un responsable CGT.
Mais à Toulouse, où les vacances n'ont pas encore commencé, la baisse de participation était tout aussi patente: les manifestants étaient entre 8.000 selon la police et 20.000 selon la CGT, contre 20.000 à 100.000 le 31. "Travaille, consomme et ferme ta gueule, c'est quoi le message qu'on donne aux jeunes?", scandait au mégaphone une lycéenne devant plusieurs dizaines de camarades, une banderole proclamant l'"Etat d'urgence pour la jeunesse scolarisée", et une pancarte décrétant: "en avril, ne te démobilise pas d'un fil".
Les salariés de diverses entreprises étaient présents dans le cortège toulousain, en particulier les Continental en grève, ou encore la filière aéronautique avec Airbus et Liebherr, mais aussi des agents hospitaliers, territoriaux, de la CAF, la Poste, des télécoms, de l'Education nationale, cheminots, chômeurs et intermittents. L'appel à la mobilisation dans la rue s'accompagnait en effet samedi d'un appel à cesser le travail, qui se traduisait notamment par une grève dans les centres d'appel SFR.
A Paris, les jeunes d'abord réunis Place de la Nation, sous forte surveillance policière, devaient se joindre à leurs aînés dans un cortège dont le coup d'envoi était prévu vers 14h de la place de la République en direction de la Nation, derrière Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO) et William Martinet (Unef) notamment.
La contestation contre le projet de loi est entrée dans son deuxième mois. Depuis le 9 mars, les partisans du retrait du texte ont organisé cinq journées d'action, dont deux réunissant jeunes et travailleurs. En soirée, ce sont les rassemblements citoyens "Nuit Debout" qui prendront le relais dans près de 60 villes, notamment pour la première fois à Lille, alors que ce sera la quatrième nuit consécutive à Toulouse. Depuis le 31 mars, le mouvement, qui dépasse largement les opposants à la loi Travail, s'est réuni tous les soirs sur la place de la République, à Paris.
"On s'attendait à être un peu plus nombreux ce matin, mais ce qu'il faut retenir c'est que quelque chose s'est levé, quand on voit ce qui se passe à la Nuit debout", relevait Guillaume, étudiant à Paris, présent place de la Nation. William Martinet, le leader du syndicat étudiant Unef, avait exhorté les jeunes à "rester mobilisés", jugeant que la journée de samedi serait "déterminante". L'Unef et les autres organisations étudiantes et lycéennes seront reçues lundi matin par Manuel Valls, après l'avoir été déjà mercredi par plusieurs ministres.
Pendant ce temps, le projet de loi porté par Myriam El Khomri (Travail) poursuit son parcours législatif. Les députés de la commission des Affaires sociales ont terminé jeudi son examen, apportant des modifications, notamment sur les mesures les plus polémiques: clarification des licenciements économiques, accords dits "offensifs", référendums d’entreprises... Un projet qui, même amendé, est jugé "trop libéral" par ses détracteurs, qui craignent une précarité accrue.
Le texte sera débattu dans l'hémicycle à partir du 3 mai.L'intersyndicale compte maintenir la pression d'ici là avec une "nouvelle journée de grève et de manifestations" le 28 avril.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.