Macron tout près du point de rupture avec Hollande et Valls après une nouvelle divergence
Après plusieurs divergences ces dernières semaines, le populaire ministre de l'Economie s'est payé le luxe de contredire son Premier ministre ce jeudi 18. Alors que Manuel Valls venait de déclarer sur RTL son intention de "légiférer" sur la question du salaire des patrons, Emmanuel Macron a de son coté estimé que "la loi (n'était) pas la bonne méthode".
"Le faire à court terme, uniquement en France, est difficile", a ajouté le ministre lors de la Conférence annuelle des investisseurs pour la croissance. "Je pense que c'est un vrai sujet, il faut que ça continue à être un sujet de débat. Mais je pense que c'est un mauvais sujet pour la loi".
Sur le fond, M. Macron n'a fait que réaffirmer la position développée le 3 mai devant l'Assemblée nationale. "Sur le sujet, on peut faire de la démagogie à bon compte. Si être puissant, c'est légiférer, on peut finir par le faire si vous le voulez. Mais ce n’est pas le choix que nous avons fait parce que ce ne serait pas la bonne décision", avait-il alors lancé au sujet de très fortes augmentation de salaires des PDG de Renault Carlos Ghosn et de PSA Carlos Tavares.
Mais entre temps, François Hollande avait estimé que si "rien ne se fait" côté patronal, ce serait "à la loi d'intervenir". Une occasion signalée de ressouder les rangs au PS et même dans l'ensemble de la gauche après l'épisode désastreux de l'article 49-3 brandi pour le projet de loi sur le travail, et la tentative des frondeurs du PS et de la gauche de la gauche de déposer une inédite motion de censure.
Lors de cette même conférence jeudi matin, M. Macron a semblé prendre ses distances avec le fameux discours du Bourget prononcé par François Hollande lors de la campagne de 2012. Le ministre a ainsi estimé qu'il ne s'agissait pas "d'être l'ami ou l'ennemi" de la finance, en écho aux propos du chef de l'Etat, qui avait assuré qu'elle était son "adversaire".
Ces dissonances promettent un déplacement animé vendredi: le Premier ministre et son ministre de l'Economie sont en effet attendus en Ardèche, avec six autres membres du gouvernement, pour un comité interministériel consacré "aux ruralités". Figure notamment au programme une présentation du projet d'aménagement du territoire "Ardèche Drôme numérique", domaine relevant de la compétence de M. Macron.
Ce déplacement intervient sur fond de rivalité croissante entre les deux principaux tenants de la gauche réformiste. Lors d'une réunion publique mercredi soir à Evry (Essonne), Manuel Valls ne s'est pas privé d'ironiser sur l'activisme politique de son cadet, qui a récemment lancé son mouvement En Marche!.
La semaine dernière, le ministre de l'Economie s'était même fait tancer aux yeux de tous les observateurs, en pleine séance de questions au gouvernement, par son Premier ministre qui lui reprochait les termes d'une interview donnée à Sud Ouest.
Cette nouvelle polémique survient alors que le ministre de l'Economie multiplie les initiatives politiques. En Marche! a déjà recueilli 398.570 euros de dons, selon un courriel du mouvement qui en appelle à la générosité de ses membres.
M. Macron peut également compter ses soutiens au sein de la majorité. Mercredi, le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, membre du pôle des réformateurs du PS, a jugé que le ministre de l'Economie deviendrait "naturellement" le candidat de la gauche pour 2017 si François Hollande ne parvenait pas à remonter dans les sondages.
"Le jour où il ira devant les électeurs et qu'il se fera élire, on en reparlera", a maugréé un proche du Premier ministre, lequel, peu disposé à se faire ravir la vedette au sein de la gauche dite réformiste, a lancé mercredi une série de "rencontres avec les Français" pour vanter le bilan de son gouvernement et de l'action menée avec François Hollande depuis 2012.
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