Marine Le Pen jugée ce mardi pour "incitation à la haine"
Pour avoir comparé les prières de rue à l'Occupation, en 2010, Marine Le Pen comparaît ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour "incitation à la haine". La présidente du Front national a fait confirmer sa présence à l'audience, prévue à 14h, par son avocat maître David Dassa. "Je ne vais pas rater une telle occasion", avait-elle réagi à l'annonce de son renvoi devant le tribunal de grande instance, fin septembre.
"Je suis désolée mais, pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait-ainsi déclaré la fille de Jean-Marie Le Pen en décembre 2010 à propos des prières de rue pratiquées par certains fidèles musulmans. Alors en campagne pour la présidence du FN, face aux militants frontistes rassemblés au pavillon du parc de la Tête d'Or de Lyon, elle avait ajouté: "c'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants".
Des propos polémiques qui valent à l'instigatrice de la dédiabolisation de son parti, et de la mise à l'écart de son père pour ses dérapages répétés, un renvoi devant la sixième chambre du tribunal de grande instance de Lyon. Jugée pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion", elle encourt une peine d'un an de prison et 45.000 euros d'amende. La députée communautaire avait vu son immunité levée par le Parlement européen en juillet 2013, ce qui avait ouvert la voie à sa mise en examen, le 10 juillet 2014.
La chef de file frontiste invoque pour sa part la liberté d'expression et nie avoir fait référence à l'Occupation en tant que période historique. Ses partisans ont organisé une campagne de soutien sur les réseaux sociaux pour dénoncer le "procès politique" intenté à leur championne, avec le mot-dièse (hashtag) Twitter "#JeSuisMarine".
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait dénoncé des "raccourcis avec l'histoire" et des propos "alimentant le climat de l'islamophobie ambiant". L'Observatoire national contre l'Islamophobie du CFCM, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), le Mrap et la Ligue judiciaire de défense des musulmans se sont constitués parties civiles. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a annoncé lundi 19 qu'elle allait demander lors de l'audience à rejoindre les plaignants.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.