Présidentielle 2017 : Hollande et Valls à la croisée des chemins
Avec la fin de la primaire de la droite, la guerre froide qui oppose en coulisses François Hollande et Manuel Valls autour de la candidature socialiste en 2017 arrive dans sa phase décisive, à moins de trois semaines de la décision du président sortant.
"Il faut que ça aille mieux": en six mots dans Libération, passés sous les fourches caudines des relectures ministérielles, Stéphane Le Foll a confirmé pour la première fois publiquement mardi 22 que les relations entre le président et le Premier ministre étaient pour le moins tendues.
Entre rumeurs d'appel contre François Hollande ou pour Manuel Valls, guerre d'influence au Parlement, petites phrases assassines des entourages, la tension a atteint ces dernières semaines son paroxysme.
"Les hollandais portent désormais une kalachnikov en bandoulière", lâche un vallsiste du premier cercle. Manuel Valls, qui développe depuis plusieurs semaines ce qui ressemble de plus en plus à un programme présidentiel, y a ajouté mercredi soir un chapitre en précisant dans une tribune aux Échos sa vision d'une "mondialisation au service des peuples".
"Valls a totalement envie d'y aller. Il est totalement lié à la décision du président. Ça doit être terrible pour lui, c'est tout ce qu'il déteste", résume un ministre non aligné. "Coincé entre Macron et Hollande, comme un lion dans la cage, il est fou de ne pouvoir rien faire", glisse un autre.
Le Premier ministre essaie de mettre une pression maximale: "Si le président pense que de toute façon il est candidat, que je serai derrière lui, que j'irai coller des affiches, parler dans le train, faire des déambulations, là c'est non. Je me poserai la question de ce que je devrai faire", a-t-il confié cette semaine à des proches.
Dans une majorité déboussolée par l'effet désastreux des confidences de François Hollande dans Un président ne devrait pas dire ça..., des proches de M. Valls ne cachent plus leur mission "stop Hollande", entamée plus discrètement il y a quelques semaines.
"Nous sommes nombreux à poursuivre le même objectif, avec détermination, avec sérieux : faire en sorte que François Hollande renonce à être candidat à sa propre succession", a ainsi asséné dans Le Figaro jeudi Malek Boutih, député de l'Essonne, il est vrai coutumier de sorties acerbes contre Hollande. De leur côté, les proches du président voient la victoire probable de François Fillon à droite comme une opportunité, face à une "droite dure" qui se revendique de Margaret Thatcher.
Trois étapes en cette fin de semaine devraient peser sur le bras de fer Hollande-Valls: d'abord les chiffres du chômage d'octobre de ce jeudi soir, en baisse de 0,3% (catégorie A), ce qui conforte l'idée d'une potentielle candidature de François Hollande.
Puis, samedi, la stratégie des radicaux de gauche pour la présidentielle ainsi qu'une réunion autour de Martine Aubry samedi à Bondy (Seine-Saint-Denis). Christiane Taubira - dont certains à gauche rêvent qu'elle soit candidate si François Hollande renonce - Claude Bartolone, le "frondeur" Christian Paul mais aussi le communiste Olivier Dartigolles ou l'écologiste Pascal Durand seront de la partie.
"Ce sera une réunion contre Manuel Valls", s'inquiète un des lieutenants. Malgré ses appels au rassemblement et un notable coup de barre à gauche ces dernières semaines, le Premier ministre garde un bon contingent d'adversaires dans son camp. Mais le député aubryste Jean-Marc Germain l'assure : la réunion de samedi ça ne sera "certainement pas" le tout sauf Valls.
"On est suffisamment faible pour ne pas être dans l'empêchement de tel ou tel. On est dans une démarche d'affirmation, pas dans l'empêchement. On peut être dans le débat sans se jeter des roses à la tête. Il faut arrêter de se dire que notre principal adversaire est dans notre camp", jure-t-il.
Alors que Manuel Valls avance ses pions sur le volet programmatique, celui préparé par le commando de campagne de François Hollande - Guillaume Bachelay, Vincent Feltesse, Julien Dray - reste bien gardé dans les murs de l’Élysée. "On nous dit qu'ils bossent, mais il n'y a rien qui sort !", s'alarme le même ministre: "s'ils travaillaient, ça se verrait".
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