Présidentielle 2017 : Manuel Valls entre fidélité à François Hollande et potentielle candidature
D'un côté, afficher une loyauté sans tache envers François Hollande, de l'autre apparaître comme le seul recours de la gauche de gouvernement: Manuel Valls progresse à pas mesurés sur une périlleuse ligne de crête à six mois de la présidentielle.
Comment se démarquer sans détonner, prendre "de la hauteur" sans toucher au sommet, voir "grand, très grand" sans paraître voir trop grand?
Le Premier ministre, qui achève un déplacement de cinq jours en Afrique, doit répondre à ces délicates questions, partagé entre sa fidélité à François Hollande et des ambitions présidentielles qui prennent de l'épaisseur à mesure que les avanies bouchent l'horizon du président de la République.
Soucieux de n'être associé à aucune forme de trahison, Manuel Valls ne manque pas de rappeler à quel point il a su rester "loyal" malgré les turbulences depuis sa nomination à l'été 2014. "Sur la notion de responsabilité, de loyauté, chacun peut reconnaître qu'il est très, très, très difficile de me mettre en cause sur ces sujets. J'attends d'ailleurs!", a-t-il ainsi lancé depuis Accra samedi soir.
Dans l'entourage du président, on reconnaît la "volonté de servir son camp" de celui qui fut aussi un remuant ministre de l'Intérieur. "Il n'est pas dans une stratégie personnelle", veut-on même croire à l'Elysée, peut-être conforté par les marques de "respect vis-à-vis de François Hollande" et "la fonction" qu'il occupe, exprimées dimanche soir par le Premier ministre.
Sauf qu'un hypothétique désistement de François Hollande pour la présidentielle poussera le Premier ministre à se dévoiler, et qu'à quelques mois de l'échéance, M. Valls affine cette nouvelle stature par des prises de position plus risquées. "Il faut être lucide et la franchise est utile parfois. Il y a un malaise", remarquait-il ainsi samedi soir, en référence au marasme frappant le camp socialiste. "Valls, loyal dans la fonction, il l'est mais, ça ne veut pas dire qu'il ne doit rien dire", résume de son côté un député de l'aile centriste du PS.
Une salve était ainsi partie jeudi, quand M. Valls avait confié avoir ressenti de la "colère" après la publication de confidences polémiques du chef de l'Etat dans le livre Un président ne devrait pas dire ça. Dimanche, par l'intermédiaire de son lieutenant Stéphane Le Foll, François Hollande avait répliqué en rappelant qu'il restait "le patron" jusqu'au bout.
"C'est la première fois qu'il y a une coupure entre le président de la République et le Premier ministre", remarque le même député socialiste. "La question c'est de savoir à qui ça profite. Il va falloir regarder les sondages dans les jours qui viennent", glisse-t-il.
En attendant, Manuel Valls se pare des habits de l'incontournable recours au sein de l'exécutif, ici en suivant un discours plus rassembleur qu'à l'accoutumée, là en livrant un début d'ébauche de projet, tout en adoptant une position en surplomb. "Quand on est un responsable politique aujourd'hui il ne faut pas être dans les petites phrases, pas dans le bac à sable", a-t-il souligné dimanche. "Il faut voir grand, très grand", a-t-il encore martelé.
"Qui recadre qui, ou qui préparerait un plan B (une candidature alternative à celle de François Hollande, NDLR), c'est le petit bout de la lorgnette! La solution doit être construite sur un projet politique", a encore estimé le Premier ministre ce week-end.
La semaine passée, Manuel Valls avait ainsi détaillé trois axes qui pourraient guider une - sa? - candidature: éviter la présence du Front national au deuxième tour de l'élection présidentielle ; contribuer à rassembler la gauche; "porter" la République avec de l'autorité "mais aussi de la bienveillance et la République sociale", avec par exemple sa proposition de revenu universel.
Mais peut-être M. Valls prépare-t-il un rôle de recours au-delà des prochaines élections, alors que les sondages sont pour l'heure, et quels que soient les candidats, extrêmement défavorables à la gauche.
"Pour lui", la question, "c'est comment je passe l'étape de l'après, comment je sors le moins abîmé possible de l'essoreuse de la présidentielle pour être utile par la suite", affirme ainsi le même député socialiste.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.